Castelot, le conteur de l'Histoire
De son vrai nom André Storms, l'essayiste est mort dimanche, à Neuilly, âgé de 93 ans.
André Castelot était né en Belgique en 1911 mais avait fait ses études en France. Dès 1935, il se définissait comme « homme de lettres et journaliste » et, ayant pris le nom de sa mère, collaborait à différentes publications. Comme historien, c'est la France qui l'intéresse, ses héroïnes et ses héros les plus connus. Mais il n'aurait pas connu le succès qu'il a rencontré s'il n'avait fait la connaissance de son alter égo, Alain Decaux, en 1945.
Les deux hommes se ressemblent par leur passion et leur don de conteur (ils sont l'un et l'autre des parleurs intarissables et convaincants) et ils sont très différents. Castelot se situe plutôt à droite, dans le camp de la tradition ; Alain Decaux est proche de la gauche et même du Parti communiste. Il y a de quoi faire un couple ravageur. Ils ont l'idée de faire des émissions en commun. Ils démarrent à la radio, sur la chaîne de la RTF, avec « La Tribune de l'Histoire », qui vivra de 1951 à... 1997. C'est un triomphe : ils ont le sens des anecdotes et impliquent les auditeurs. En 1956, ils passent au petit écran : « La caméra explore le temps » devient l'un des magazines les plus populaires entre 1956 et 1966, parce qu'elle intègre le principe des dramatiques. C'est de l'Histoire contée et jouée.
En solitaire, André Castelot écrit beaucoup : plus de soixante biographies, une vaste « Histoire de France »... Marie-Antoinette, Joséphine de Beauharnais, Napoléon Ier et III, la Dubarry, pour ne citer qu'eux, n'ont pas de secrets pour lui ! Homme courtois, élégant, aux blancs cheveux crantés, il avait la faveur du public, jusqu'aux spectacles de Robert Hossein auxquels il a parfois collaboré avec Alain Decaux, et défendait une histoire aux anecdotes séduisantes, très loin des recherches nouvelles de l'école française d'un Leroi-Gouran, d'un Le Goff ou d'un Duby.
GILLES COSTAZ