Didier Van Cauwelaert : « Il n’y a pas de recette pour faire un best-seller »

« Jules ». Le Prix Goncourt 1994 (avec « Un aller simple »), Didier Van Cauwelaert, publie une comédie sentimentale savoureuse dont l’un des personnages principaux est un chien d’aveugle.
Propos recueillis par Nicolas Blondeau : - 25 mai 2015 à 05:00 - Temps de lecture :
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Didier Van Cauwelaert  Photo Astrid di Crollalanza Didier Van Cauwelaert : « Mon personnage a trouvé une roche capable de dépolluer les sols ».  Photo Astrid di Crollalanza
Didier Van Cauwelaert  Photo Astrid di Crollalanza Didier Van Cauwelaert : « Mon personnage a trouvé une roche capable de dépolluer les sols ». Photo Astrid di Crollalanza
Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser au monde des aveugles ?

C’est un sujet qui me passionne depuis toujours, comme une sorte de compagnon de route. Je prenais des notes, j’hésitais, mais sans me lancer vraiment. Et puis, je me suis senti obligé de céder à l’écriture de ce roman avant de devenir insupportable pour mon entourage.

Vous racontez comment votre héroïne recouvre la vue. Vous aviez des témoignages de situations similaires ?

Je me suis inspiré d’aveugles que je connais. Il y a de plus en plus de non-voyants qui, grâce aux progrès de la médecine et notamment des opérations sur la cornée, se remettent à voir. Ce sont des interventions très encadrées, la chirurgie fait des merveilles. C’est une expérience certainement incroyable de découvrir tout ce que l’on a jusque-là imaginé dans le noir. Mais pour mon personnage, ce n’est pas forcément un miracle joyeux. Il y a une perte de repères, une inadéquation avec le réel. Elle ressent un décalage avec ses nouvelles perceptions.

Mais elle tombe amoureuse… L’amour reste-t-il le sujet principal pour un écrivain ?

En tout cas, je tenais à décrire cette forme particulière de complémentarité et d’amitié qui réunit mes deux personnages. La forme d’égoïsme et d’intérêt mutuel dans leurs sentiments… Et surtout, je voulais montrer comment ils se retrouvent grâce à la compréhension d’un chien, finalement le seul être qui croit à la possibilité de cet amour, puisque tout oppose cet homme et cette femme.

Lui est un inventeur de génie…

Oui, il y a un tas d’inventeurs qui ont des solutions à nos problèmes. Il suffit de voir les résultats du concours Lépine pour s’en rendre compte. Mais souvent, la mise en application de ces trouvailles est bloquée parce que trop d’intérêts commerciaux sont en jeu. Pour ce qui concerne mon personnage, il a trouvé une roche capable de dépolluer les sols. Et ce n’est pas irréaliste !

Vous faites partie de ces écrivains qui attirent un large public, comment faites-vous ?

Ce qui me sidère surtout, c’est la fidélité de mes lecteurs. Je travaille sur mes obsessions mais j’essaie de me renouveler, je change de cadre. Il n’y a aucune recette pour faire un best-seller.

Vous citez souvent Marcel Aymé…

J’aime sa liberté d’esprit, la façon dont il est toujours resté inclassable. Il a refusé la légion d’honneur en intimant au Président de la République qui voulait lui remettre, de se la carrer dans l’arrière-train… Je crois que l’on a besoin de légèreté dans les époques difficiles. C’est peut-être pour ça que mon dernier roman bénéficie d’un accueil favorable, il nous faut des vitamines pour affronter un contexte morose.

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