Tunisie : malgré les rabais le triste été d’Hammamet

Maghreb. Malgré des promotions jusqu’à -52 % dans les hôtels, ses couchers de soleil et un déploiement de forces de sécurité, la célèbre station balnéaire de l’est tunisien sonne creux
Le Progrès - 11 juil. 2011 à 00:00 - Temps de lecture :
 | 
Les amoureux sont seuls au monde, à Hammamet ils ont même toute la plage pour eux  / Photo AFP
Les amoureux sont seuls au monde, à Hammamet ils ont même toute la plage pour eux / Photo AFP

Soleil d’été, sable fin doré entre mer et ciel d’un bleu limpide, Yasmine Hammamet, une des stations balnéaires les plus prisées de Tunisie, ressemble à une carte postale inanimée : pas un baigneur, pas un touriste, pas un cri d’enfant.

Européens, Algériens, Libyens (guerre oblige) ont déserté la station du nord-ouest de la Tunisie, qui connaît la pire saison de son histoire. Comme la plupart des zones touristiques balnéaires de Tunisie.

« C’est plus que catastrophique ! » se désespère Kamel Ben Abdallah, directeur d’un hôtel trois étoiles, qui réalise d’habitude 65 % de son chiffre d’affaires en été. Mais malgré une réduction de 40 % sur ses tarifs, le taux de remplissage a chuté de 60 %.

Conséquence directe : M. Kamel a réduit son personnel à 40 employés, contre 100 personnes durant la même période de l’année précédente. Aucun saisonnier n’a été recruté. L’Office national du tourisme tunisien a chiffré à 3 000 le nombre d’emplois perdus depuis le début de l’année dans le secteur touristique, qui représente 7 % du PIB tunisien et emploie 400 000 personnes.

Le nombre de touristes entrant a baissé de 39 % et les recettes de 51 %..Yasmine Hammamet a beau déployer son charme et la douceur de son climat, elle ne parvient même plus à séduire « les touristes à quatre sous ».

Autrefois réputée pour son ambiance festive, la station balnéaire s’enfonce dans un silence de plomb. Commerçants, artisans et guides chôment. Même la drague n’est plus à l’ordre du jour. L’enchaînement est terrible : « Les gens savent que les boîtes de nuit et les plages sont vides donc qu’on ne s’amuse plus. C’est dissuasif ».

« Mon chameau a pris du poids à force de ne pas bouger ! », se lamente Hichem, installé près de la Marina, guettant désespérément un client. Sur la plage où les transats sont vides, Saber, 23 ans, est assis sur l’un de ses dix vélos couverts décorés avec des drapeaux de toutes nationalités : « Je reste des journées sans louer même avec un prix extrêmement réduit à 5 dinars (2,5 euros) la demi-heure ».

Acculés, les professionnels du tourisme espèrent sauver la saison grâce aux réservations « last minute ». En attendant, les Tunisiens reçoivent chaque jour des SMS vantant les promotions « incroyables mais vraies » d’hôtels « pieds dans l’eau » offrant des rabais de 35 %… Cela ne suffit pas à convaincre que la Tunisie Post Ben Ali a besoin de touristes.

Newsletter. L'essentiel de la semaine
Chaque samedi

Inscrivez-vous à "L'essentiel de la semaine", et retrouvez notre sélection des articles qu"il ne fallait pas rater lors des sept derniers jours.

Désinscription à tout moment. Protection des données