Alexis Jenni vous présente ses trois plus belles filles du musée des Beaux-Arts de Lyon

F. M. - 10 sept. 2016 à 05:00 - Temps de lecture :
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La plus troublante : Lucrèce…  Photo Maxime JEGAT
La plus troublante : Lucrèce… Photo Maxime JEGAT

La mort de Lucrèce , de Guido Cagnacci

« L’un des fleurons du musée ! Ce que j’adore dans la peinture classique, c’est qu’on prend des sujets mythologiques pour peindre toute autre chose. Ici, c’est une belle jeune fille à la peau pâle, qui tient une arme qu’elle s’apprête à plonger dans sa poitrine, mais son regard est totalement sexuel ! Il exprime à la fois de l’attirance et de la crainte face à la pénétration. Elle incarne la jeune fille pudique qui va se laisser aller et j’aime le côté ironique de ce décalage. C’est un tableau très humain, illustrant une émotion du quotidien, très instable. »

Fleur des champs , de Louis Janmot

« Comment dire ? C’est très cucul, mais elle est tellement jolie ! Janmot fait partie de ces peintres qui savent dessiner de jolies femmes et c’est toujours magique. Avec son côté jeune fille sage, c’est ultra-classique, très précis. Elle est belle et la beauté excuse tout.

Ce n’est plus mon genre de fille mais ça l’était tout à fait quand j’étais au lycée ! J’étais sensible à ce côté doux et harmonieux. »

Judith aux portes de Béthulie , de Jules-Claude Ziegler

« Alors, celle-là, elle est très impressionnante. Là encore, il y a un prétexte biblique, l’histoire de Judith qui va tuer le général Holopherne. C’est un mélange étonnant d’érotisme et de violence ; voilà une femme fatale au sens propre. Elle est fascinante parce que le tableau est très réaliste, son vêtement est précis, son visage de type grec est épuré, il est très beau avec ses grands yeux verts qui fixent le spectateur avec un air de défi : “Je suis belle, mais si tu t’approches, je te coupe la tête”. Le coup de génie du peintre, c’est cette goutte de sueur sur son front. On la voit à peine, mais elle trahit qu’il s’est passé quelque chose de très fort et qui dénote son émotion. C’est le volcan sous la glace ! Cette peinture du XIXe est tout de même très hypocrite. Sous des prétextes bibliques, on met en scène le corps, l’émotion, la violence. Mais, au fond, on s’en fout de la mythologie. Par contre, les faits divers et les histoires d’amour physique, ça oui ! »

NOTE Dans l’attente de toi, aux éditions L’Iconoclaste. Sortie le 7 septembre, 272 pages, 22,50 € (les trois tableaux du musée de Lyon ne figurent pas dans le livre).

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