L'eau de Divonne-les-Bains ne sera pas mise en bouteille

Vincent Scattolin, le maire de la cité thermale de l'Ain, renonce au projet d'usine d'eau minérale. L'affaire était remontée jusqu'au gouvernement suisse.

De notre correspondant à Genève,

L’eau de Divonne-les-Bains ne sera pas mise en bouteille, a finalement annoncé le maire de la ville, Vincent Scattolin.

L’eau de Divonne-les-Bains ne sera pas mise en bouteille, a finalement annoncé le maire de la ville, Vincent Scattolin.

© Philippe Roy / Philippe Roy / Aurimages

Temps de lecture : 3 min

Édouard Philippe a eu chaud. Outre l'énorme dossier des retraites, il aurait dû négocier avec la Suisse le pompage de 900 000 mètres cubes d'eau par an dans la la Divonne, rivière rebaptisée la Versoix quand elle franchit la frontière helvétique. Selon la convention d'Helsinki de 1992 sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontaliers et des lacs internationaux, les pays voisins s'engagent à observer une gestion des eaux transfrontalières rationnelle et respectueuse de l'environnement. Or, la ville de Divonne-les-Bains avait signé le permis de construire d'une usine d'embouteillage d'eau en mars dernier sans même consulter les cantons voisins de Genève et de Vaud.

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Ce projet, porté par Étienne Blanc, maire (LR) de la commune de 1991 à février 2019, a provoqué une levée de boucliers des deux côtés de la frontière, aussi bien dans le Pays de Gex, dans le département de l'Ain, qu'en Suisse, où dix communes s'opposent à cette usine qui envisageait de mettre sur le marché 15 millions de bouteilles… en plastique par an. Or, ce pompage risquait d'assécher la nappe phréatique, alors que les cours d'eau de la région souffrent déjà de la sécheresse chaque été. De plus, la future usine d'embouteillage aurait utilisé l'autoroute Lausanne-Genève, déjà saturée, pour transporter quotidiennement ses cargaisons.

Éviter une guerre de l'eau

Coup de théâtre la semaine dernière, Vincent Scattolin, le nouveau maire (LR) de Divonne-les-Bains, a annoncé qu'il renonçait à ce projet. Alors que son conseil municipal avait donné son feu vert à cette usine d'embouteillage en mars dernier. Sans doute a-t-il considéré que sa petite commune (9 000 habitants) n'avait peut-être pas les reins assez solides pour affronter une guerre de l'eau franco-suisse. Surtout à une époque où l'urgence climatique est sur toutes les lèvres et que les sécheresses estivales se montrent de plus en plus fréquentes.

Sous le titre « L'eau de Divonne cède à la pression », La Tribune de Genève souligne dans un éditorial que « prélever l'eau dans l'environnement pour l'exporter en bouteille aux quatre coins du monde n'est plus vraiment dans l'air du temps ». Toutefois, Vincent Scattolin préfère mettre sur le dos du porteur du projet, la société Andrénius, cet échec. Il évoque une rupture de confiance, la commune n'ayant pas obtenu, selon lui, de plan financier suffisamment crédible de la part de cette entreprise.

Le grand rêve d'Étienne Blanc

L'usine d'embouteillage d'eau minérale constituait pourtant le grand rêve de son prédécesseur, Étienne Blanc, maire de Divonne-les-Bains de 1991 à février 2019. Premier vice-président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes (présidé par Laurent Wauquiez), il a quitté son fauteuil en début d'année pour se lancer, sous l'étiquette Les Républicains, à la conquête de Lyon. Depuis plusieurs années, Étienne Blanc apparaissait dans la presse locale, entouré des deux promoteurs du projet, Patrick Sabaté, négociant en Champagne, et Jean-Niklas Palm-Jensen, spécialisé dans la distribution de vins et spiritueux en Scandinavie, tout sourire, devant le lac de Divonne.

Lire aussi À Divonne-les-Bains, l'usine d'embouteillage ne coule plus de source

Étienne Blanc n'a pas encore réagi à l'enterrement de première classe de son grand projet, qui aurait pu donner un second souffle à Divonne-les-Bains. En effet, depuis de nombreuses années, la station thermale comme le casino connaissent des baisses de fréquentation. Résultat, sa population, comme celles d'ailleurs des communes voisines, passe chaque matin la frontière pour aller travailler en Suisse.

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Commentaires (3)

  • Toupic

    Et le Point emboîté le pas surtout quand il s'agit de casser du LR ascendant Wauquiez !

    Concernant le ville de Divonne, celle ci a très bien évolué ces dernières années sous la gestion de Mr Blanc. C est une charmante et coquette cité frontalière.

    Seulement voila nous approchons des Municipales et tous les gougnafiers qui veulent prendre la place racontent n'importe quoi â qui veut l'entendre !

    Il y a des quantités de Communes qui perçoivent la rétrocession des fonds Suisses en fonction du nombre de leurs travailleurs frontaliers résidents !

    Ces derniers ne sont pas les moins exigeants en matière d'infrastructures coûteuses (piscines, tennis, salles de sports, infrastructures de loisirs diverses et variées etc. ). Ce qui ne les empêche pas de mêler leur grain de sel dans la gestion et les finances des Communes de séjour passager, déplorant d'un côté les conséquences, de ce qu'ils exigent de l'autre !

    Il serait bon qu'à leur sujet on rétablisse une période de carence (domiciliation active) de 6 à 12 mois dans les Communes frontières concernées avant de Pouvoir postuler en Suisse ! Ce qui était le cas il y a une vingtaine d'années !

    Il serait beaucoup plus rationnel de privilégier l'emploi en Suisse de gens du cru frontalier Français. Eux au moins s'intéresseraient réellement à leur commune et assumeraient jusqu'au bout les conséquences de leurs choix électoraux !

    Des citoyens du cru, pas des touristes salariés de passage !

    Voila le vrai problème !

  • totobo

    Les thermes de Divonne sont obsoletes et les prestations gérée par Valvital très moyennes faute de personnel.

    Il est normal que la fréquentation diminue.

  • Petit Bouddha Joyeux

    Tous ces maires, voulant innover pour relancer l’économie locale, ont toujours des idées des temps anciens.
    Et celui-ci désirait relancer Divonne, ville frontalière profitant de l’économie Suisse grâce aux commerces, et grâce aux travailleurs frontaliers dont une partie des impôts est reversée aux communes.
    Chaque commune frontalière récupère des sommes gigantesques grâce aux frontaliers.
    Lancer des bouteilles d’eau en plastique, ou en verre, n’est qu’une stupidité politique pour se faire connaître...