L'avocat Jacques Vergès est mort à l'âge de 88 ans

Très affaibli physiquement depuis quelques mois après une chute, l'homme est décédé de causes naturelles jeudi 15 août au soir, à Paris.

Source AFP

Jacques Vergès, en novembre 2011.
Jacques Vergès, en novembre 2011. © AFP

Temps de lecture : 2 min

Jacques Vergès, un des avocats les plus controversés et redoutés du barreau de Paris, est mort jeudi à Paris à l'âge de 88 ans de causes naturelles, a-t-on appris auprès du Conseil national des barreaux (CNB), confirmant une information de BFM TV. "Il est mort il y a environ 2 heures 30. J'ai été prévenu par ses proches", a dit à l'AFP vers 23 h 15 le président du CNB, Christian Charrière-Bournazel, qui n'a pas précisé les circonstances de sa mort. Me Charrière-Bournazel a raconté avoir dîné avec Me Vergès "il y a une dizaine de jours". "Il avait fait une chute il y a quelques mois, et du coup il était très amaigri, marchait très lentement. Il avait des difficultés à parler, mais intellectuellement il était intact. On savait que c'étaient ses derniers jours, mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite", a-t-il dit.

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Il a rendu hommage à Me Vergès, "un très brillant avocat, avec une grande culture (...), très courageux et très indépendant", mais aussi "très narcissique", un "provocateur" qu'il avait affronté au côté des parties civiles lors du procès de Klaus Barbie que défendait Me Vergès. "Ce qu'on peut retenir de Jacques Vergès, c'est à la fois le talent, le courage, l'engagement et le sens de la contradiction avec un respect de l'autre. Un avocat, ce n'est pas un mercenaire, c'est un chevalier, et Jacques Vergès était un chevalier", a-t-il résumé.

Né le 5 mars 1925 - mais un an plus tôt selon un biographe - dans l'actuelle Thaïlande (à Ubon Ratchathani), d'un père français de la Réunion et d'une mère vietnamienne, morte lorsqu'il aura trois ans, Jacques Vergès a été à la pointe des luttes anticolonialistes. Prenant pour cibles l'État, la société ou la justice pour défendre une cause autant qu'un client, cet avocat médiatique et narcissique, fin lettré, petit et rond, aimait provoquer et déstabiliser. La liste de ses clients était impressionnante. Il a notamment défendu le nazi Klaus Barbie, le "révolutionnaire" Carlos ou le khmer rouge Khieu Samphan, mais aussi les membres des mouvements d'extrême gauche européens (Fraction armée rouge, Action directe), les activistes libanais Georges Ibrahim Abdallah et Anis Naccache, le dictateur serbe Slobodan Milosevic, des dirigeants africains, etc.

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Commentaires (27)

  • Docteur Farouk HAMZA

    Les turbulences des événements historiques ne lui faisaient pas peur. Il suit « les choix de son cœur » (Vergès) en en faisant fi des critiques stériles. Il ne se trompait pas et l’Histoire lui donnait raison...

    Il ne pouvait pas plaire en même temps aux requérants et aux intimés ! Les envieux, les jaloux, les ratés de la professions poussaient comme l’ivraie sur l’accotement de sa grande et belle carrière d’avocat célèbre et hors norme.

    Il avait des principes et il les respectait souvent au péril de sa vie. Certains l’accusaient d’avoir osé défendre les plus monstrueux des criminels de guerre. En vérité, il défendait la Justice et le droit de la défense : tout accusé a droit à une défense pour que le verdict soit équitable et crédible, sans cela ce serait un assassinat, un meurtre avec la bénédiction de la société c'est-à-dire de tous ceux qui condamne le crime, quel paradoxe se serait ! Le jardinier maghrébin Omar HADDAD a finalement été gracié par Monsieur CHIRAC, comme Gustave DOMINICI, par le général De Gaulle. Cela est injuste, il faudrait le rejugé pour que son innocence soit reconnue et réhabilitée ! Une question de principe rétorquait le défunt Maître Vergès.

    Il restera dans les annales de la justice comme un pilier de la Défense, une référence quand les professeurs dans les facultés et dans les instituts, expliqueront ce que c’est le Droit ! Comme Sartre, comme Beauvoir, Il est déjà entré dans l’Histoire en défendant la cause algérienne et toutes les causes justes.

  • Docteur Farouk HAMZA

    Maître Vergès fait partie de ces personnalités qui ont fortement marqué ma génération par leur choix. Ces femmes et ces hommes ont choisi d’être du côté des faibles, des oubliés, des victimes des événements et des désespérés de l’Histoire.

    Il arrive que des êtres se trouvent seuls, sans force, par terre, abandonnés de tous, parce que les circonstances les ont amenés à une situation de désespoir et sans issue.

    Ces femmes et ces hommes, peu nombreux, ont eu ce courage exceptionnel de se pencher sur ces cas extrêmes d’abandon et d’exclusion, de tendre la main à ces accusés qui ont péché et à qui la société refuse le pardon.

    Cela me rappelle le Prêtre des Misérables de Victor Hugo, qui non seulement témoigne, face aux gendarmes, en faveur de Jean Valjean, le forçat, lui offre en plus les chandeliers qu’il a oubliés de prendre. Cet homme d’église a su par le pardon, sauver cette âme en déperdition. Il ne l’a point abandonné !

    Maître Vergès est ce « prêtre » des temps modernes qui s’est toujours impliqué au risque de sa vie, de sa carrière, de son confort personnel et sa quiétude.

    Etre le défenseur des militants du Front de Libération National de 1954 à 1962, c’est prendre le risque d’être assassiné par les extrémistes de la France coloniale et par les criminels de l’OAS ; c’est vivre dans une menace perpétuelle. Il était durant cette époque, détesté et persécuté par tous les partisans de l’Algérie française. Il était considéré comme un traître à la République. Il n’en demeure pas moins celui qui a su défendre l’honneur de cette France quand nombreux ont été ceux qui ont trahi la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme !

  • cartaginois

    Un ténor du barreau et un avocat au vrai sens du terme.
    Les grands avocats partent un à un, après Me Metzner, Me Vergès.
    L'époque des grands Hommes est loin derrière nous.
    Paix à son âme !