Hervé Marseille fixe un nouveau cap pour l’UDI

Lors du congrès de l’UDI, l’influent président du groupe Union centriste au Sénat a été élu, sans surprise, président du parti.

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Le nouveau président de l'UDI, Hervé Marseille, élu samedi au congrès de Boulogne-Billancourt.
Le nouveau président de l'UDI, Hervé Marseille, élu samedi au congrès de Boulogne-Billancourt. © BERTRAND GUAY / AFP

Temps de lecture : 4 min

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« Ça commence mal, il me manque sept points ! » Devant quelques centaines d'adhérents enthousiastes réunis à Boulogne-Billancourt, Hervé Marseille, élu président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) ce samedi 10 décembre, savoure son moment. Le « raïs » – c'est le sobriquet que lui prête le fondateur du mouvement centriste, Jean-Louis Borloo – n'a pas, en effet, obtenu 100 % des suffrages. Il a « plafonné », plaisante un adhérent, à 93,39 %. Mais la victoire lui était assurée, étant le seul candidat de ce congrès qui visait surtout à assurer la succession de Jean-Christophe Lagarde, condamné, il y a quelques jours, à dix mois de prison avec sursis pour détournement de fonds publics. Avant de parler de l'UDI, de ses priorités, de sa ligne politique et de ses ambitions, Hervé Marseille a tenu à laisser la parole à celui qui l'a fondé il y a dix ans.

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Unanimement ovationné, Jean-Louis Borloo – que Marseille a présenté, avec son habituel goût pour l'humour, comme « un petit jeune qui envisage d'adhérer » – s'est dit « très ému » de retrouver tant de visages familiers, dix ans après le serment de la Mutualité qui marquait, en octobre 2012, le lancement de cette formation politique. L'ex-ministre a cité Simone Veil qui fut, a-t-il rappelé, la première adhérente de l'UDI. Il a aussi fait référence à l'un de ses inspirateurs, feu Valéry Giscard d'Estaing, et a assuré son successeur de sa « pleine confiance ».

À LIRE AUSSI Les Républicains : après la bataille, deux droites « irréconciliables » ? Borloo, qui s'est retiré de la vie politique il y a huit ans, car il souffrait d'une pneumonie, a confié n'avoir « jamais été aussi en forme » et s'est dit prêt à aider son « ami » Hervé Marseille à redonner un nouveau souffle au mouvement. Derrière le pupitre placé au milieu de la salle Paul Landowski, sculpteur de la tombe du maréchal Foch, il a commencé par délivrer ce conseil au nouveau président : « Cher Hervé, n'oublie jamais ce célèbre mot de Ferdinand Foch : “Mon centre cède, ma droite recule, situation excellente, j'attaque !” »

Responsables et indépendants

Hervé Marseille, très influent mais relativement discret président du groupe Union centriste au Sénat, avait déjà cette phrase en tête ; il l'applique depuis plusieurs années au Palais du Luxembourg, où il a gagné ses lettres de noblesse. Le groupe qu'il préside, et qui constitue une majorité avec Les Républicains, y est incontournable. Mais, à moins d'un an des sénatoriales et à deux ans des élections européennes, Marseille compte placer l'UDI au centre du jeu politique national, avec une ligne claire : être « libres et indépendants ». Ses élus, représentés à l'Assemblée nationale au sein du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), ont déjà bousculé le gouvernement en défendant, avec le MoDem, la taxation des superprofits, à laquelle le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s'est farouchement opposé.

L'UDI aura aussi son mot à dire sur la réforme des retraites, a prévenu Hervé Marseille. Le nouveau président, qui doit voir Élisabeth Borne la semaine prochaine pour en discuter, se dit favorable au report de l'âge légal de départ à 64 ans – contre 65 dans le texte dont la Première ministre dévoilera les contours jeudi prochain – et à une accélération de la réforme Touraine – laquelle prévoit que la durée de cotisation, pour obtenir une retraite à taux plein, augmente d'un trimestre tous les trois ans. « Nous serons très attentifs à l'ensemble des questions sociales liées à la réforme des retraites, notamment les carrières longues et la pénibilité. Nous sommes responsables, car nous voterons les textes que nous jugeons essentiels pour l'avenir de notre pays, mais quand on ne sera pas d'accord, on le dira franchement », confie le sénateur, en marge du congrès, au Point.

À LIRE AUSSI Macron sur les retraites : 65 ans et un 49.3Faisant sienne la maxime de Saint-Exupéry – « Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m'enrichit » –, Hervé Marseille veut aussi rassembler. Ouvrir, comme il le dit, « les portes et les fenêtres ». Alors que l'année 2023 s'annonce, a-t-il rappelé, « très difficile », les représentants du parti dont il prend les rênes doivent être à l'écoute, ouverts à la discussion, à la concertation, au dialogue. « Il faut que l'UDI occupe une place prépondérante dans l'espace centriste, car si on laisse un vide, notre pays est mort. Il faut, entre Mélenchon et Le Pen, une puissante force centriste, sans quoi on peut être certains que le RN sera au pouvoir dans un peu plus de quatre ans », a abondé le président de Liot, Bertrand Pancher.

Répondant enfin à une question du représentant de l'UDI de l'Oise, Daniel Leca, qui demandait avec malice au président Marseille « où les vents [les] porteront », Hervé Marseille a répondu que les vents leur seraient favorables s'ils s'appuyaient, en les développant, sur les thèmes historiques de l'UDI : l'Europe, la décentralisation et la transition écologique à laquelle Borloo a été, avec le Grenelle de l'environnement, l'un des premiers à réfléchir.

Mais cela ne suffit pas, a objecté l'un des adhérents qui demandait une réponse plus précise, reprenant la métaphore marine convoquée et citant Sénèque : « Il n'y a point de vent favorable pour qui ne sait pas dans quel port il veut entrer. » Hervé Marseille s'est gardé de s'épancher sur ses ambitions et s'est efforcé de ne pas broncher lorsque Jean-Louis Borloo lui a glissé dans son discours cette boutade, qui n'en est peut-être pas une : « Hervé, avec tous ces soutiens, tu vas finir par être président de la République ! »

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Commentaires (3)

  • va

    Fixer un cap à qui, un petit club de 10 personnes

  • ptit oiseau

    Les scandales et magouilles de Lagarde

  • Rob14

    L'UDI ça m'dit ben quelqu'chose... Mais quoi ?