Bataille d'Azincourt : l'armée française dépassée

Plus que la défaite, la bataille d'Azincourt, qui se déroula le 25 octobre 1415, est la preuve d'un retard et d'une désorganisation rares pour les Français.

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Matin de la bataille d'Azincourt, le 25 octobre 1415
Matin de la bataille d'Azincourt, le 25 octobre 1415 © Peinture de Sir John Albert

Temps de lecture : 4 min

La guerre de Cent Ans et la bataille d'Azincourt sont indissociables. Cette défaite pour la France illustre les difficultés que le royaume éprouve tout au long de cette période sombre de 116 ans. L'armée anglaise ainsi que sa stratégie sont en tout point supérieures à celles des Français minés par les tensions internes et délaissés par un roi malade de démence en la personne de Charles VI. Mal connue dans sa teneur, cette bataille a pourtant marqué les esprits et les pratiques de la fin du Moyen Âge en France.

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C'est la personne d'Henri V qui est à l'origine de cette bataille sanglante. Récent roi d'Angleterre, il monte sur le trône en 1413, le deuxième souverain issu de la dynastie des Lancastre souhaite la guerre. Son caractère belliqueux est particulièrement observable avec Azincourt. Désireux de trouver une raison pour attaquer le territoire français, Henri demande que la quasi-totalité de la côte atlantique soit soumise à son autorité et que la jeune fille du roi Charles VI, Catherine, lui soit accordée en mariage avec une dot fortement élevée. Le refus ne se fait pas attendre et donne une bonne raison aux Anglais pour investir le territoire français.

D'Harfleur à Azincourt

Henri V n'en attendait pas plus pour embarquer son armée et gagner la côte normande. Les Anglais débarquent sur l'embouchure de la Seine au début du mois d'août 1415 avec la ferme intention de marcher sur Paris. L'armée est composée d'un nombre important d'archers et d'armes de siège dans le but d'accaparer les villes en direction de la cité parisienne. La première étape prend peu de temps à arriver puisque les Anglais se positionnent devant la ville normande d'Harfleur en août. Cette dernière n'est autre que le port le plus important de la navigation sur la Seine. Point stratégique qui n'échappe pas aux Anglais.

Le siège dure un mois. L'armée française ne parvient pas à s'organiser pour venir à temps au secours de la ville sous la menace anglaise. Les tensions entre deux factions de princes au sein même de l'entourage du roi sont trop vives pour permettre un regroupement efficace. Les Armagnacs et les Bourguignons s'entredéchirent avant même de prendre les armes. Charles VI réussit tout de même à mettre sur pied une offensive début octobre. Pendant ce temps, Henri V préfère regagner la place forte anglaise de Calais repoussant son attaque principale en direction de Paris au printemps de l'année suivante pour ne pas se faire surprendre par l'hiver. Ce n'est pas l'avis de l'armée française qui coupe la route de son ennemi au niveau de la forteresse d'Azincourt, en Artois, le 24 octobre.

Une bataille éclair pour une longue humiliation

Les deux armées se font donc face dans ce couloir étroit qui sert de champ de bataille. Les archers et les hommes d'armes anglais passent la nuit sous des tentes pour se protéger de la pluie qui tombe à verse. Ce n'est pas le cas des chevaliers français qui veillent sur leur monture, frappés par les éléments. Le champ de bataille n'est plus que boue au lever du soleil, mais les armées ne peuvent plus faire demi-tour. Les voilà qui s'observent pendant des heures, attendant le premier assaut de cette célèbre journée du 25 octobre 1415. Celui-ci est lancé par Henri V pour les Anglais sur un très large front. Les archers se répartissent sur tout l'espace disponible. Les chevaliers français se lancent à leur tour sous une pluie de flèches qui entraînent des dégâts considérables. Le terrain boueux rend la progression très difficile et la formation trop serrée empêche un mouvement efficace. L'armée française est décimée. La bataille est à sens unique. Chaque coup porté fait une nouvelle perte parmi les hommes de Charles VI. La supériorité numérique française n'a été d'aucun secours.

La défaite française est cinglante. Très courte sur la durée, la bataille a pourtant fait un nombre considérable de morts parmi lesquels on retrouve de nombreux nobles français, dont le commandant de l'armée, le connétable de France Charles Ier d'Albret. La prudence du vieux prince Jean de Berry a permis de tenir Charles VI et le dauphin loin des combats, mais c'est bien là la seule satisfaction pour les Français. L'humiliation continue avec l'exécution sommaire des prisonniers dont Henri V ne veut pas se charger pour le retour en Angleterre. Les limites françaises sont criantes, les erreurs stratégiques flagrantes, mais c'est l'absence d'évolution dans les techniques qui est le plus préjudiciable. La bataille d'Azincourt marque une rupture dans le paysage militaire, puisque l'inefficacité des chevaliers dans de telles circonstances remet en cause les techniques moyenâgeuses de bataille. La formation serrée est brisée par les archers et la tactique anglaise de bien meilleure qualité, malgré une armée fatiguée et malade à la suite du siège d'Harfleur.

Pour les Anglais, la réussite est totale. Si Paris n'est pas prise, ce coup porté aux Français est précieux. Seule ombre au tableau, des pillards ont profité de la bataille pour s'emparer de la couronne royale d'Henri V restée en arrière. De plus, le souverain anglais ne change pas ses plans et préfère se rapatrier en Angleterre, laissant le pouvoir français à feu et à sang. En effet, le rapport de force sur le territoire entre les différentes factions françaises est bouleversé. Armagnac d'un côté, Bourguignon de l'autre se disputent le pouvoir que Charles VI peine toujours à assumer à cause de ses régulières crises de folie. Cela mène peu à peu vers le traité de Troyes de 1420 qui complète l'humiliation subie par les Français à Azincourt en 1415. La France replonge dans une guerre de Cent Ans qui met à mal le pouvoir royal.

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