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« Elle est abonnée à Marie-Claire/ Dans le Nouvel Obs' elle ne lit que Bretécher. » Icône de la gauche intellectuelle, la dessinatrice Claire Bretécher était, grâce à Cookie Dingler, propulsée en haut des charts français. La cofondatrice de L'Écho des savanes, décédée en 2020, était sans doute la plus lue dans l'hebdomadaire français de Jean Daniel. Invitée en 1999 dans l'émission Thierry Ardisson, Rive droite/Rive gauche (disponible sur la chaîne ArdiTube), Bretécher, « le meilleur sociologue français », selon Barthes, se confie sur son enfance et ses idées politiques.
Née à Nantes, dans une famille bourgeoise et catholique, la dessinatrice connaît une enfance de frustrations. « Mon enfance et moi, on se parle plus beaucoup, je ne lui trouve aucun charme », détaille-t-elle, avant de revenir sur sa situation quand elle est arrivée à Paris au début des années 1960. « J'étais un peu gourde, complètement fauchée, j'habitais dans un carton, je vivais avec un minable, c'était une période atroce, fallait avorter toutes les cinq minutes. » Professionnellement, sa première rencontre avec René Goscinny est un fiasco. « Il m'a jetée en me disant que je ne savais pas travailler. Je n'étais pas vexée, il avait raison. » Elle le retrouvera avec plus de succès quelques années plus tard. Sa carrière prend son envol avec L'Écho des savanes puis la prestigieuse « page des Frustrés » du Nouvel Obs.
Je ne suis pas militante. Dans le militantisme, y a tellement d’extrême ridicule qu’on peut pas militer.
Quand Thierry Ardisson lui demande si elle fait partie de la gauche caviar, « pensant à gauche et vivant à droite », Bretécher réfute. « J'étais une pauvre dessinatrice, maintenant je suis une dessinatrice à l'aise. J'ai l'impression de penser au milieu et de vivre au milieu. Je suis d'extrême centre. » Cet esprit libre ironise sur son féminisme. « Je suis égoïste, donc je suis féministe. Je ne suis pas militante. Dans le militantisme, y a tellement d'extrême ridicule qu'on peut pas militer. » Et quand on lui parle du temps qui passe et de la quête de l'éternelle jeunesse, la réponse de la créatrice d'Agrippine fuse : « J'ai perdu l'espoir à 40 ans. C'est un boulot à temps complet. On dit souvent : Je ne me suis jamais senti aussi jeune. Moi, j'ai envie de dire : Je me suis jamais sentie aussi vieille. »
Un extrait à découvrir :
J'avais rencontré Claire Bretécher en 1969 et pris un café avec elle ; la prise de contact avait été extrêmement rapide : nous avions tous les deux un carton à dessin et elle m'avait répondu "si vous voulez".
Elle était alors nonchalante, peu souriante et peu expansive, fumant cigarette sur cigarette.
Par la suite, elle disait que son nom rimait avec "dépêcher" et le succès probablement l'a rendue plus souriante.
Il est interdit de dire que des gens nommés Gotlieb et Mandryka ont existé un jour…
C'était une intelligence rare... J'ai beaucoup aimé !