Le peintre Henri Martin, de retour à Cahors

Cahors ouvre son nouveau musée après 6 ans de travaux, un projet de « Giverny lotois » s’esquisse dans le parc de son ancien domaine de Labastide-du-Vert.

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« Regain » d'Henri Martin.
« Regain » d'Henri Martin. © Photo ST

Temps de lecture : 3 min

La foule se pressait vendredi soir dans l'ancien palais épiscopal de Cahors, transformé en musée des Beaux-Arts en 1929. Après six ans de chantier, l'extension du bâtiment permet enfin de présenter deux immenses toiles d'Henri Martin. Le peintre, né à Toulouse en 1860, est considéré comme « l'enfant du pays » depuis qu'il avait fait l'acquisition en 1899 d'un domaine agricole à Labastide-du-Vert, village niché à une vingtaine de kilomètres en descendant de la vallée du Lot. À mi-chemin entre les impressionnistes et le pointillisme de Seurat, l'œuvre d'Henri Martin se caractérise par ses petites touches lumineuses et les « grands formats » qui ont fait sa fortune.

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« C'était avant tout un décorateur », souligne Rachel Amalric, la directrice du musée. On trouve encore les décors peints par Henri Martin à l'hôtel de ville de Paris et dans plusieurs mairies d'arrondissement, au Conseil d'État ou à la Sorbonne. Mais aussi au Capitole de Toulouse. La grande scène champêtre de ces paysans fauchant le foin dans la lumière du soir présentée dans la nouvelle salle du musée de Cahors n'est pas sans rappeler l'une des deux grandes fresques ornant les murs d'un des salons d'apparat de l'hôtel de ville de la ville rose. La toile, dont on ignore le commanditaire, est restée ignorée pendant quarante ans dans son rouleau, faute de place pour la présenter, rapporte la directrice du musée. L'autre ornait la salle du conseil municipal de Cahors avant d'être transférée au musée.

6 ans de travaux nécessaires

« Vous êtes ici chez vous », a lancé le maire de la ville aux Cadurciens venus reprendre possession des lieux, après six longues années de fermeture. La modernisation du musée a coûté près de 7 millions d'euros. « Un budget raisonnable », estime Jean-Marc Vayssouze-Faure, qui a bénéficié des aides de l'État, de la région et du département pour l'investissement. En bon gestionnaire, l'élu sait que ce sont surtout les frais de fonctionnement qui comptent. « On ne pouvait pas imaginer Cahors sans musée », tranche le maire de la ville. Outre ses administrés, qui bénéficient d'un week-end de gratuité, l'élu espère que le musée renforcera l'attractivité de Cahors. Il cite l'exemple de la ville de Rodez, qui a profondément changé son image grâce au musée Soulages. Albi avec Toulouse-Lautrec et Montauban avec Ingres ont fait le même pari.

Aucun élu lotois n'a en revanche souhaité se lancer dans la rénovation du domaine de Marquayrol qui menaçait ruine à Labastide-du-Vert. « C'était une forêt vierge », raconte Jean-Pierre Alaux, ancien journaliste toulousain devenu écrivain, en faisant visiter le vaste parc de 25 hectares qui entoure la belle demeure dissimulée derrière une allée de marronniers. Élu maire d'un village voisin, Jean-Pierre Alaux préside aussi une association qui a mobilisé une armée de bénévoles pour ouvrir les lieux au public. Il a rédigé un petit livre publié par un éditeur local qui raconte l'histoire du peintre dans sa thébaïde querçynoise*. Jean-Pierre Alaux a aussi joué les entremetteurs en octobre 2020 lors de la vente du domaine par l'arrière-petite-fille du peintre à Jean-Jacques Lala, un chanteur lyrique d'origine lotoise qui dirige une agence artistique à Paris. La transaction aurait été facilitée par un goût commun pour la musique wagnérienne, rapporte l'ancien journaliste. Le nouveau propriétaire caresse l'idée d'ouvrir la maison aux artistes en ouvrant une « académie » de chants et de piano. Jean-Pierre Alaux se fait fort de son côté de faire du jardin, si souvent peint par Henri Martin, une sorte de « Giverny du Querçy ». Il mise beaucoup sur le dossier préparé pour la mission du patrimoine présidée par Stéphane Bern. Le domaine de Marquayrol devrait commencer à s'ouvrir au public au mois de juin.

*Marquayrol. Les Jardins d'Henri Martin, Toute Latitude, 14 €.

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Commentaires (2)

  • JM/67

    Merci de me faire connaitre ce "peintre"... Que je ne connaissait que par le Monopoly...

  • Tony

    La grande différence avec Rodez, c'est que Soulages ne sait pas peindre, mais uniquement broyer et barbouiller du noir. Son idée de peindre du noir était d'ailleurs excellente. Mais ne faire que ça toute sa vie, et au vu de ses premières peintures colorées dignes d'un enfant de huit ans, était la seule solution pour lui.