Coupe du monde de rugby : «Les joueurs n’étaient pas à 100 %», considère Frédéric Michalak

L’ancien international du XV de France juge la performance des Bleus face aux États-Unis (33-9), ce mercredi.

 Frédéric Michalak estime que les erreurs individuelles ont sorti petit à petit le XV de France du schéma de jeu face aux États-Unis.
Frédéric Michalak estime que les erreurs individuelles ont sorti petit à petit le XV de France du schéma de jeu face aux États-Unis. LP/Delphine Goldsztejn

    Il y a quatre ans, il avait quitté les Bleus en quart de finale de la Coupe du monde face aux All Blacks au bout de dix minutes et assisté du banc à la plus grosse défaite du XV de France (62-13) dans la compétition.

    Frédéric Michalak, 36 ans, jeune retraité du rugby et déjà lancé dans une carrière d'entrepreneur à peine les crampons raccrochés, a fait profiter de son expertise du haut de ses 77 capes à des partenaires de la Française des jeux ce mercredi pour analyser la performance des Bleus face aux États-Unis (33-9).

    Que faut-il retenir, la victoire ou la manière ?

    FRÉDÉRIC MICHALAK. La victoire. Il fallait gagner et si possible avec le point de bonus. Ces deux objectifs sont remplis. Après, sur le contenu, il y a bien sûr énormément de progrès à faire.

    La rencontre avait pourtant bien commencé ?

    Oui, dès le début on a trouvé des solutions avec le jeu au pied de Camille Lopez. Les premières minutes sont parfaites. Mais ensuite, ils n'ont pas assez appuyé là-dessus.

    Justement, comment expliquez-vous que le XV de France trouve la clé rapidement et se dérègle ensuite complètement ?

    C'est difficile à juger à distance mais on a l'impression qu'ils ont commencé à douter. Ça peut s'expliquer par toute une série de mauvaises passes, de pénalités concédées notamment en mêlée, de pertes de balles au contact et de rucks perdus. Tout cela s'accumule et génère de la frustration offensive. En face, les États-Unis n'ont rien proposé, ou seulement des coups de pied sans réellement nous inquiéter. Les Bleus sont sortis de leur schéma à cause d'une frustration générée par leurs erreurs.

    On a quand même eu peur, non ?

    Oui. À la fin du match, les Français terminent avec 30 points mais les joueurs, j'en suis sûr, considéreront qu'il s'agit d'un mauvais match. Ils doivent faire preuve d'humilité, retrouver l'état d'esprit et l'application que leur ont permis de battre l'Argentine.

    Peut-on imaginer qu'ils ont joué avec le frein ?

    Vu de l'extérieur, on peut avoir cette impression. Je regarde beaucoup le langage corporel, et on a vu que sur le jeu sans ballon ou les replacements, ils n'étaient pas à 100 %. Et je pense que c'est lié à l'adversaire. Quand tu joues les États-Unis, tu ne mets pas la même application que contre l'Angleterre.

    Est-ce qu'on peut s'inquiéter en vue des Tonga dimanche ?

    Ce sera plus agressif donc les Bleus seront rapidement dans l'ambiance. Tu peux vraiment douter si on reproduit ce qu'on a vu contre le Canada, notamment les impacts perdus en un contre un, ou les ballons rendus sur des plaquages, comme avec Ramos qui en perd trois comme ça. Un match contre les Tonga se joue souvent sur les mêlées, les ballons portés et les zones d'affrontement. Il faudra être bon là-dessus.

    Globalement, quel est votre avis sur les premiers matchs de cette Coupe du monde ?

    Si on regarde le match du Japon, le jeu offensif et ambitieux sans coups de pied paye. L'équipe de France a les joueurs pour mettre en place ce type de jeu. C'est juste un état d'esprit. Il faut qu'on ait cette ambition sans regret.