Du PSG à la télé… Jérôme Rothen, profession chambreur

Joueur, l’ex-milieu de terrain parisien cultivait une parole singulière et sans filtre. Quelques années plus tard, il est devenu une des voix qui comptent chez les consultants télé et radio.

 Jérôme Rothen sur la pelouse du Parc des Princes avant le 8e de finale retour de la Ligue des champions entre le PSG et Manchester United.
Jérôme Rothen sur la pelouse du Parc des Princes avant le 8e de finale retour de la Ligue des champions entre le PSG et Manchester United. LP/Guillaume Georges

    À peine refermée la porte des vestiaires fin 2013, Jérôme Rothen a franchi celle des studios. Aujourd'hui, à 41 ans, il est un des consultants vedettes du groupe RMC, où il commente notamment les matchs de Ligue de champions, après être passé par Canal + puis BeINSport.

    Joueur, l'ancien milieu de terrain était apprécié pour la qualité de son pied gauche et pour ses déclarations sans filtre. Là où nombre de ses partenaires enrobaient leurs mots d'une langue en bois massif, lui tenait, devant les micros, table ouverte de ses sentiments. « Cela m'a causé des problèmes parfois avec des coéquipiers, sourit-il attablé devant un café dans un bar de Meudon. Ils me demandaient de la fermer! Mais je revendique le droit d'être toujours sincère. Et je crois qu'aujourd'hui, cela fait ma force dans mon nouveau métier. »

    Rothen sait que certains joueurs devenus consultants s'expriment parfois avec le frein à main car ils espèrent retrouver une activité au sein d'un club. Lui refuse de voir plus loin que le bout de son micro. « C'est un métier où on doit être soi-même, assène-t-il. Joueur, je chambrais les autres donc je continue. »

    «J'en ai fait des conneries sur un terrain…»

    Et il dribble l'argument souvent avancé par ceux qu'il critique aujourd'hui. « On me dit tu oublies que t'as été joueur et que tu détestais les critiques. C'est vrai. Je me vexais parfois. Mais ce qui compte, c'est la vérité. Je finissais par accepter les critiques sur mon jeu quand elles étaient fondées. Là, c'est pareil. Quand je vois une grossière erreur technique, je le dis. Et pourtant, moi aussi j'en ai fait des conneries sur un terrain. Cela doit-il m'interdire de les mentionner ? »

    En cinq ans, Rothen estime que s'il est resté le même, il a appris à mieux parler. « La radio m'a obligé à améliorer mon vocabulaire, sourit-il. Aujourd'hui, je sais mieux construire des phrases longues. À la télévision, il faut être plus concis. Mais le foot n'est pas un milieu où la parole est toujours mise en valeur. Alors j'ai travaillé. Et je continue. Je fais des débriefs de certains matchs de Ligue des champions. Récemment, par exemple, j'ai essayé de comprendre où j'aurais pu être meilleur en commentant Juventus-Atlético de Madrid. »

    «Je rêve d'avoir ma propre émission avec mon nom»

    L'ex-international (13 sélections) assume de parfois se tromper dans ses analyses. « Cet hiver, j'étais persuadé que Rudi Garcia ne pourrait plus redresser la barre à l'OM. Je me suis « viandé » car il a réussi à reprendre la main sur son équipe. Même si depuis deux trois semaines, je me demande s'il n'a pas replongé ( sourire ). À Marseille, je sais que plein de gens ne croient pas à mon objectivité quand je parle de leur club. Il y a quelques années, l'ex-président Vincent Labrune, était venu me demander au Vélodrome d'arrêter d'être anti-OM. Aujourd'hui, je pense pourtant que je pourrais commenter les matchs de Marseille avec une honnêteté totale. » Mais il n'oublie pas que son club de cœur reste le PSG. « J'ai toujours des sentiments pour Paris et voir ce club être devenu la risée de l'Europe après l'élimination contre Manchester United me dérange. »

    Jérôme Rothen estime avoir fait ses preuves à l'antenne et n'a plus peur d'afficher ses ambitions. « Je veux devenir une référence chez les consultants comme l'ont été avant moi Jean-Michel Larqué ou Christophe Dugarry ». Et il sait exactement quand il estimera avoir réussi. « Je rêve d'avoir ma propre émission avec mon nom, lâche-t-il. Si j'y arrive, je pourrai être fier. Luis Fernandez, dont je sais qu'on doutait au début, a tenu l'antenne treize ans. Et Christophe Dugarry fait la même chose. Ce sont deux exemples. J'ai vraiment envie d'aller vers ça. J'arriverai en fin de contrat en juin avec RMC et je discute pour renouveler mon bail. Je pense qu'il y a la place aujourd'hui dans le foot pour le chambrage et le second degré. Je ne suis pas Messi ou Ronaldo mais objectivement, j'ai eu une belle petite carrière. Je crois que cela me donne le droit de ramener ma grande gueule, non? »