Vincent Ier, le prince qu’on sort du côté de Blaye

Au cœur du vignoble bordelais, la micronation d’Hélianthis a couronné son prince, Vincent Ier, le week-end dernier à Blaye (Gironde). Rencontre avec son altesse princière d’un pays imaginaire.

Le "sacre"de Vincent Merchadou, alias Vincent 1er, prince d'Hélianthis, le 5 août dernier à Blaye (Gironde). Principauté d'Hélianthis
Le "sacre"de Vincent Merchadou, alias Vincent 1er, prince d'Hélianthis, le 5 août dernier à Blaye (Gironde). Principauté d'Hélianthis

    Il n’a pas fait la Une de Point de vue, cette semaine. Pourtant Vincent Merchadou est maintenant le prince régnant d’Hélianthis, une micronation située en plein cœur du Bordelais. Depuis ce week-end, il faut désormais l’appeler monseigneur, car il répond maintenant au nom de Vincent 1er. Albert II de Monaco n’a qu’à bien se tenir…

    La chapelle du couvent des Minimes, au cœur de la citadelle de Blaye (Gironde) a il faut dire accueilli un couronnement en grande pompe. La cérémonie a eu lieu dans le plus pur respect des traditions féodales. Face à ses sujets, Vincent Iᵉʳ est arrivé ainsi vêtu d’un manteau d’hermine, réalisé par des artisans locaux, fidèles et loyaux serviteurs. Sa couronne a aussi été confectionnée localement, en laiton et sertie de mosaïque par des « forgerons de la seigneurie », rapporte France 3.

    Car tout ceci, derrière des airs de blague potache, est très sérieux. Vincent 1er, fraîchement couronné et joint au téléphone, compte bien faire briller Hélianthis au firmament des micronations - il en existe plus de 400 dans le monde, dont une vingtaine était représentée à la cérémonie. La principauté d’Héliantis est en fait le fruit d’une discussion d’un groupe d’amis qui voulait garder le contact à la sortie du lycée, il y a dix ans. « On voulait essayer de trouver un moyen de promouvoir le patrimoine du Blayais, et on a eu cette idée de la micronation », confie le prince régnant.

    « On verra plus tard, s’il y a des putschs »

    « Au-delà du folklore, dès qu’on parle de la principauté on parle du Blayais, donc on parle des artisans, des spécialités », ajoute celui qui s’est inspiré d’une figure mythique locale, Jaufré Rudel, troubadour et seigneur de la ville au XIIe siècle pour créer sa principauté. Au fur et à mesure, Vincent et ses copains ont développé leur projet qui aujourd’hui est une vraie pièce du puzzle local pour « valoriser notre patrimoine ». « Dès le début, on a participé à des manifestations publiques, on venait en tenue d’époque, on nous a accueillis à bras ouverts. Maintenant on organise nous-même des événements », commente avec fierté la tête couronnée.



    Depuis une décennie, l’entente est toujours plus que cordiale, dans la bande de copains, et la succession n’est pas à l’ordre du jour. « C’est toujours moi le prince, on verra plus tard, s’il y a des putschs », s’amuse Vincent 1er. Dans le petit état virtuel, qui recoupe le territoire e l’ancienne seigneurie, certains jouent le jeu plus que d’autres et ne boudent pas leur plaisir de faire la révérence à « monseigneur ».

    « Ça m’est déjà arrivé, je vais acheter ma baguette, et on m’interpelle avec mon titre ! C’est fait avec bienveillance et gentillesse. La première fois, ça m’a fait un drôle d’effet d’entendre Comment va notre Prince ? », rigole encore ce juriste de 28 ans, travaillant pour une collectivité territoriale dans la vie « ordinaire ». Mais ce dernier ne fait pas de politique pour autant.

    Pas de mariage princier en vue

    « En Europe, les micronations, comme la République de Montmartre par exemple, ont surtout à cœur de dynamiser leur territoire, d’être rassembleuses, fédératrices, souligne le prince. Il y a des micronations dans le monde qui ont des ambitions politiques voire des envies d’autonomie, mais pas nous. On ne cherche pas à avoir l’indépendance, on serait bien embêté », ironise-t-il. Le Prince d’Héliantis se sent toutefois bien Français malgré sa belle couronne. « C’est un jeu de rôle. On fait les choses sérieusement mais on ne se prend pas au sérieux », confie encore Vincent 1er.

    « On n’envoie pas nos vœux au président de la République française mais c’est une idée sur laquelle on travaille. Mais on le fait à d’autres micronations », précise toutefois le diplomate d’opérette. Pour la suite de son règne, le Prince prévoit une visite « officielle en Belgique à Ypres ce week-end, pour un « MicroCon », une réunion de micronations, « mais pour l’instant pas de mariage princier prévu, le couronnement était déjà éprouvant », lâche Vincent 1er dans un dernier rire truculent.