Malek Boutih touché par la polio : «Ma vie a basculé à cause d'un verre d'eau»

Malek Boutih, député PS de l'Essonne, a contracté une poliomyélite à 9 mois.

« La polio a laminé les pauvres à travers le monde », rappelle Malek Boutih.
« La polio a laminé les pauvres à travers le monde », rappelle Malek Boutih. LP/PHILIPPE DE POULPIQUET

    C'est l'âge auquel les enfants apprennent à marcher. Pour lui, ce fut l'âge où, incapable de faire ses premiers pas, il a été hospitalisé pour la première fois. Le début d'une longue série. Alors qu'il avait 9 mois, Malek Boutih, actuel député PS de l'Essonne, a contracté la polio, dans le bidonville de Nanterre (Hauts-de-Seine) où ses parents immigrés algériens avaient posé leurs bagages.

    «Ma vie a basculé à cause d'un verre ou d'un biberon d'eau», raconte l'élu de 52 ans. Dans sa voix, aucune colère. Car, même si ses jambes chancellent parfois dans les escaliers et que son fils de 12 ans a souvent demandé : «Pourquoi papa boite?», Malek Boutih le sait : il est un survivant. Ironie du sort, la maladie l'a frappé en juin 1965... trois mois avant la généralisation de la vaccination en France.

    «Se dire que nous sommes en passe de l'éradiquer est vraiment émouvant. La polio a laminé les pauvres à travers le monde», rappelle l'ex-président de SOS Racisme. Lui a passé ses premières années à l'hôpital, les suivantes entre l'école et les centres de rééducation. «J'étais tout le temps médicalisé.» Sur sa tête d'écolier, il a longtemps porté un casque de cycliste pour lui maintenir le crâne. De lourds appareillages étaient fixés à ses pieds, jusqu'à sa dernière opération, à 12 ans.

    Le combat continue à l'Assemblée


    «Il y a plusieurs années, confie-t-il, j'ai revu ma première institutrice, géniale. Elle m'a rappelé que, pendant les récréations, soit je restais avec elle dans la classe, soit elle me portait jusque dans la cour pour être avec les autres. Ça fout un petit coup et, en même temps, ça m'a aidé à m'endurcir. Dans mon milieu, la notion de cocon n'existait pas.»

    La maladie vaincue, c'est à l'Assemblée nationale qu'il continue son combat : «L'hôpital public m'a permis d'être un homme libre. Il faut le protéger à tout prix et ne rien lâcher sur la loi accessibilité pour les personnes handicapées.» Avec sa réserve parlementaire — une enveloppe que les députés redistribuent —, il a contribué à l'agrandissement du centre de rééducation des tout-petits d'Antony (Hauts-de-Seine), où il fut soigné.

    La défiance des Français face aux vaccins en progrès



    «Aujourd'hui, je suis inquiet pour l'accès à l'eau potable dans le monde», reprend-il. Dans un campement de Roms à Grigny (Essonne), où nous l'avions accompagné en juillet 2013, Malek Boutih avait beaucoup insisté sur la nécessité de faire attention à l'eau face à des Roms incrédules devant un élu qui a vécu dans des conditions similaires aux leurs. «Ça montre que rien n'est impossible», note-t-il. La défiance des Français envers les vaccins continue de progresser. «On fait en France le procès du vaccin. Or le problème n'est pas le vaccin, mais l'absence de transparence pratiquée par certains laboratoires, assure le député. Il est urgent aujourd'hui de redonner confiance.»