Confusion autour du policier qui a refusé de serrer la main de Hollande et Valls

Le policier qui a boudé vendredi la main tendue du président de la République n'a pas été condamné pour «provocation à la haine raciale et religieuse», contrairement à ce que prétend une rumeur sur Internet. Il y a eu confusion entre deux hommes.

    Le geste symbolique a été beaucoup commenté depuis l'hommage rendu à Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, à Versailles (Yvelines), vendredi. Au point de faire naître une grossière rumeur sur l'identité de son auteur. Explications.

    Alors que François Hollande et Manuel Valls saluent des policiers alignés en rang à l'issue de la cérémonie, un homme refuse de serrer la main au président de la République et à son Premier ministre. Interrogé plus tard hors caméra par TF1, il explique qu'«il y a trop de problèmes dans la police» et demande «des actes». Très vite, de nombreux internautes réagissent. Sur Facebook, une page «Soutien au policier qui a refusé de saluer François Hollande» est créée à la mi-journée, qui attire plus de 280000 «J'aime».

    Quelques heures plus tard, c'est une autre page Facebook qui voit le jour. Quasi-semblable à la précédente, elle a pour bannière une capture des images diffusées lors de la cérémonie. Sauf qu'elle s'appelle «Soutien pour Sébastien Jallamion». Sébastien Jallamion ? Du nom d'un policier lyonnais condamné en avril 2015 à 5000 euros d'amende pour «provocation à la haine raciale et religieuse», peine confirmée en appel en mars dernier. Cette page recueille, à son tour, des milliers de «likes».

    Un discours vu plus de 7 millions de fois

    Samedi soir, le magazine «VSD» publie en ligne un article intitulé «Le policier qui a refusé de serrer la main de Hollande et Valls sort du silence», aujourd'hui supprimé. Son auteure citait des extraits d'un discours tenu par Sébastien Jallamion, vendredi soir, dans le cadre d'un rassemblement organisé, place du Trocadéro, à Paris, par le Siel (Souveraineté, identité et liberté), micro-parti affilié au Front national. Une vidéo accompagnait l'article. On y voyait Sébastien Jallamion rendre hommage à ses collègues tués, mais aussi dénoncer les conditions de travail des policiers et  lancer un «appel à la résistance» à ses collègues. Il portait une veste noire et une chemise grise, comme l'homme qui a tenu tête à Hollande et Valls.

    A regarder de plus près les images, il ne s'agit pas de la même personne. «Je vous confirme et vous certifie que ce n'est pas mon client qui était invité à l'hommage pour les deux fonctionnaires de police tués», affirme ce lundi Gabriel Versini, l'avocat de Sébastien Jallamion, interrogé par Leparisien.fr. Sur son compte Facebook, l'intéressé évoque une «rumeur».

    Entre-temps, la machine s'est emballée. Un exemple parmi d'autres : sur Facebook, un message fustigeant un «proche de Le Pen, dont les médias et certains internautes se gargarisent en le présentant comme un héros» est partagé plusieurs milliers de fois.

    La confusion a en tout cas profité à Sébastien Jallamion. La vidéo de son intervention de vendredi a été vue 7,3 millions de fois sur Facebook : elle avait notamment été partagée sur la page «Soutien pour Sébastien Jallamion», aujourd'hui supprimée.

    Quand au policier qui a réellement boudé la main tendue de François Hollande, il est pour l'instant retourné à l'anonymat.