Royaume-Uni : Charles, 70 ans et toujours prince

Le prince de Galles, qui fête son soixante-dixième anniversaire ce mercredi lors d’un banquet à Buckingham Palace, reste un « royal » mal-aimé dans l’opinion britannique. Mais pas fade pour autant…

 Le Prince Charles (assis en bas, à gauche) entouré de sa famille.
Le Prince Charles (assis en bas, à gauche) entouré de sa famille. AFP/Chris Jackson/clarence House

    À la sortie du musée de Buckingham Palace, Tracey Mc Donald a les yeux qui pétillent. La famille royale, elle l'adore : « C'est notre héritage… Ils sont fantastiques. La reine, surtout, est incroyable! Et William et Kate feront un jour d'excellents souverains. » Mais quand on lui rappelle que le prince Charles montera sur le trône avant son fils, la blonde quinquagénaire tord le nez. « C'est vrai, concède-t-elle, mais espérons que ça ne dure pas trop longtemps. C'est bon d'avoir du sang neuf. »

    À elle seule cette phrase résume la vie du prince Charles : souverain en perpétuelle attente, et héritier pour le moins impopulaire. S'il devient roi, Charles détiendra le record du plus vieux souverain monté sur le trône d'Angleterre. Un peu comme son lointain aïeul Edouard VII, qui avait longtemps patienté pour succéder à sa mère, la reine Victoria, en 1901… et qui avait régné neuf ans.

    Un prince maudit

    Selon un sondage Ipsos publié au printemps, seuls 9 % des Britanniques désignent le prince de Galles comme leur membre préféré de la famille royale. Une chute importante par rapport à 2012, où il régnait encore dans le cœur de 21 % des habitants du Royaume-Uni. « Ses deux enfants sont plus populaires, ils prennent la lumière, reconnaît Marc Roche, auteur d'une biographie de la reine, Elizabeth II : la dernière reine (éditions la Table Ronde). Mais il s'en fiche. Sa préoccupation c'est de succéder à sa mère. »

    De fait, Charles souffre encore dans l'opinion de son image de prince maudit, jugé co-responsable de la mort de la princesse Diana. Beaucoup de Britanniques le jugent distant, emprunté… Ce qui ne l'empêche pas de mener une vie trépidante, comme le montrait récemment un documentaire de la BBC. « Ce type ne s'arrête jamais ! s'y exclame le prince Harry. C'est le genre de personne qui s'endort le soir à son bureau et se réveille avec une feuille collée sur le front. »

    Il peint des aquarelles de paysages provençaux

    Son père sillonne le pays dans un train qu'il a voulu propulser à l'aide d'huiles recyclées. Il multiplie les voyages diplomatiques, notamment en France : il a effectué dans l'Hexagone son 32e déplacement officiel en mai dernier, accompagné de son épouse Camilla. Il a même peint des aquarelles de paysages provençaux - comme le faisait Churchill! - qu'on peut voir sur son site Internet officiel. Charles se passionne pour l'architecture, s'investit dans la lutte contre le réchauffement climatique, défend l'homéopathie…

    Des engagements marqués, loin de la neutralité exigée d'un souverain ? « Je ne suis pas stupide à ce point-là, se défend le prince dans le documentaire qui lui est consacré. Je sais qu'être souverain est un exercice totalement différent. » Le 20 avril dernier, les dirigeants du Commonwealth ont d'ailleurs adoubé le prince Charles comme leur dirigeant. Il succède à sa mère Elizabeth. Petit à petit, une régence du royaume semble donc se mettre en place : une reine un peu plus lointaine et un prince de Galles gérant les affaires courantes. « On se posait des questions, mais tout semble rentrer dans l'ordre, analyse Marc Roche. Comme toujours, chez les Windsor. »