« Il croquait la vie à pleines dents » : émotion, douleur et colère aux obsèques de Thomas, tué à Crépol

Des milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées ce vendredi matin pour un ultime adieu au jeune garçon de 16 ans poignardé lors du bal de Crépol. La famille, les proches, les amis, les anonymes, tous ont voulu rendre un dernier hommage à Thomas

    Le tintement du glas s’envole dans l’air froid de l’automne qui enveloppe la Drôme des collines, où près de 2000 personnes sont venues rendre un dernier hommage à Thomas, en la collégiale de Saint-Pierre et Saint-Paul, juchée sur un promontoire dominant la petite commune de Saint-Donat-sur-l’Herbasse (Drôme). Crépol n’est qu’à dix minutes de là en voiture.

    Sur les coups de 10 heures, une procession silencieuse s’est lentement élevée vers le bâtiment religieux. L’arrivée du corbillard par une ruelle abrupte, suivi par la famille de Thomas, s’est faite en fendant la foule des amis et des nombreux anonymes qui ont afflué pour saluer la mémoire de ce jeune de Le Chalon, mort poignardé au bal de Crépol, dans la nuit de dimanche dernier. Dans les rues du village, une importante présence policière se remarque, pour prévenir tout risque de débordement.

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    Le cercueil en bois clair dans lequel repose Thomas Perotto est ensuite porté sous le porche-clocher de la collégiale datant du XIIIe siècle, avant d’être amené jusqu’au transept. L’affluence est telle que les vestes noires des personnes présentes frottent contre les pierres de molasse friables en tentant de se serrer le plus possible contre les murs, pour faire place à ceux qui voudraient s’approcher de la nef.

    Une affluence considérable

    Les rangées sont vite combles. Le chœur est réservé aux amis du rugby, reconnaissables à leur maillot rayé de blanc et d’azur. Le cercueil, placé devant eux, est recouvert de bougies, de fleurs, ainsi que du maillot bleu du XV de France. La photo souriante de Thomas regarde l’assemblée et surtout ses parents et ses deux frères, au premier rang.

    L’église ne pouvant contenir tout le monde, le cloître a été spécialement aménagé afin d’accueillir davantage de personnes. Un écran géant et des enceintes y diffusent en direct la cérémonie. Mais il est rapidement rempli à son tour et beaucoup vont patienter à l’extérieur pendant les presque 3 heures de cérémonie, malgré le vent glacial.

    « Le rugby a été une école de respect pour lui »

    La maman de Thomas prend en première la parole. Elle remonte le fil de la vie de son fils, parlant surtout de sa passion pour le rugby : « Au RC Romans-Péage, il est le capitaine de l’équipe U16 avec laquelle il devient champion Drôme-Ardèche et vice-champion régional. C’était un rugbyman exemplaire, amical avec tous les joueurs. Il sait écouter ses collègues et a un don pour rétablir les situations houleuses, et ainsi éviter les querelles avec l’équipe adverse. Le rugby a été une école de respect et de solidarité pour lui. »

    C’est au tour de son grand-père de venir parler au pupitre : « Thomas était un brave garçon, réservé, bien élevé et serviable. Il croquait la vie à pleines dents. Ses parents étant bien occupés par leur restaurant, il nous sollicitait beaucoup pour l’amener à la pêche, au rugby, ou aller voir les copains. À cause d’une bande de loubards qui avaient un couteau à la place du cœur, on ne connaîtra plus jamais sa joie festive. »

    « Les sauvages qui ont tué Thomas doivent être mis à l’écart »

    La voix du papy de Thomas s’éraille sous l’émotion, des larmes coulent. Il reprend avec peine : « Le nombre de gens qui rendent aujourd’hui hommage à Thomas est à la mesure de la joie qu’il a su donner autour de lui. Je voudrais féliciter l’efficacité de notre police qui a retrouvé rapidement les auteurs de cet acte de barbarie. J’attends avec impatience le verdict de la justice. Les sauvages qui ont tué Thomas doivent être mis à l’écart de notre société, même si cela ne nous rendra jamais notre petit-fils. »

    « Nous te promettons de profiter de la vie comme tu aurais aimé le faire, rajoute un coéquipier du rugby, qui a pris la parole au nom de tous ses amis. On te remercie pour ta présence avec nous, dans les hauts et dans les bas. »



    Durant son homélie, le prêtre invite à ne pas baisser les bras face à la violence : « Vous avez tant pleuré. Ces larmes expriment notre douleur et le refus de se résigner. C’est l’expression de notre résistance au mal qui s’est abattu et qui ne doit pas être une fatalité. » Après les prières et les chants religieux, les 2 000 personnes présentes ont défilé devant le cercueil avant sa mise en terre, en début d’après-midi, qui s’est faite dans l’intimité des proches.

    À la sortie de l’église, beaucoup de jeunes étaient présents et essuyaient leurs larmes. « C’est la première fois que je vais à des funérailles, confie Elsa, élève du lycée de Thomas. Normalement ça devrait être pour un ancien, pour un grand-parent qui a pu vivre pleinement sa vie. Ce n’est pas normal d’enterrer quelqu’un d’aussi jeune. Ça ne devrait jamais arriver. » Thomas aurait dû fêter son 17e anniversaire le 6 décembre prochain.