Mort de Thomas à Crépol : en garde à vue, les suspects confirment la présence de couteaux

INFO LE PARISIEN. Trois des onze nouveaux suspects interpellés lors d’un coup de filet lundi ont été présentés aux juges d’instruction ce jeudi en vue d’une mise en examen. En garde à vue, la majorité d’entre eux ont reconnu leur présence lors du bal et, pour certains, avoir porté des coups, mais tous nient être le tueur de Thomas.

La nuit du 18 au 19 novembre 2023, le jeune Thomas Perotto, lycéen de 16 ans, avait été tué à coups de couteau lors d’une rixe géante. AFP/OLIVIER CHASSIGNOLE
La nuit du 18 au 19 novembre 2023, le jeune Thomas Perotto, lycéen de 16 ans, avait été tué à coups de couteau lors d’une rixe géante. AFP/OLIVIER CHASSIGNOLE

    Le nombre de suspects s’allonge dans l’enquête sur le bal mortel de Crépol (Drôme). Après 96 heures de garde à vue, trois des onze hommes interpellés lundi matin à Romans-sur-Isère ou dans les environs lors d’un nouveau coup de filet ont été présentés ce jeudi devant les juges d’instruction en vue d’une mise en examen pour « homicide et tentatives d’homicides en bande organisée » à l’issue de leur garde à vue.

    Selon nos informations, la majorité des suspects ont reconnu leur présence lors de cette fête de village à Crépol, la nuit du 18 au 19 novembre 2023, soirée au cours de laquelle le jeune Thomas Perotto, lycéen de 16 ans, avait été tué à coups de couteau lors d’une rixe géante. Certains ont même admis devant les enquêteurs avoir porté des coups durant cette bagarre générale, mais uniquement avec des poings et jamais d’armes blanches. « Des suspects ont expliqué qu’ils ont bien vu des couteaux lors de la rixe, sans pouvoir préciser qui les détenait », explique-t-on dans les cercles de l’enquête.

    Un suspect sous contrôle judiciaire

    Le premier de l’un des trois suspects présenté aux juges, âgé de 19 ans, a été mis en examen pour « homicide en bande organisée » mais a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, contre l’avis du parquet de Valence qui réclamait son placement en détention provisoire. Identifié sur l’une des vidéos tournées lors de la soirée, le suspect a reconnu sa participation à la fête mais a répété qu’il n’avait jamais porté de couteau. Il est inconnu de la justice hormis une condamnation pour vol mineur et officiait comme ouvrier. « Nous ne pouvons que nous réjouir de la décision prise par le juge des libertés et de la détention contre les réquisitions du parquet qui demandait son incarcération immédiate, confie Me Guillaume Fort, avocat de l’un des suspects mais aussi de trois autres déjà mis en examen. Cela démontre que le placement sous contrôle judiciaire n’entrave pas le bon déroulement de l’instruction. De manière constante, tant devant les enquêteurs que le magistrat instructeur, il a contesté avoir exercé toute forme de violence ».

    Six autres suspects placés en garde à vue ont été remis en liberté sans aucune charge retenue contre eux. Quant aux deux derniers suspects, leurs auditions, menées par les gendarmes de la section de recherches de Grenoble, se poursuivaient ce jeudi. Ils devraient être déférés à leur tour, ce vendredi, devant les magistrats instructeurs.



    Des auditions qui orientent les soupçons

    Quatre mois après la mort de Thomas, qui a suscité un vif émoi dans la classe politique, les gendarmes ont déclenché cette nouvelle opération afin d’affiner la chronologie du drame qui a mené à la mort du jeune rugbyman. Quelques certitudes se dégagent désormais : loin d’être une attaque préméditée par des jeunes du quartier populaire de la Monnaie de Romans sur des villageois, il apparaît que la fête a dégénéré à cause d’une altercation futile.

    PODCAST. Mort de Thomas à Crépol : ce que l’on sait du bal qui a viré au cauchemar

    L’un des mis en examen n’aurait pas apprécié qu’un jeune rugbyman lui tire les cheveux durant une chanson pour se moquer de lui. Les deux hommes auraient alors décidé de s’expliquer devant la salle, dispute qui aurait agrégé une quarantaine de belligérants, dont certains armés de couteaux. C’est dans cette confusion que Thomas Perotto aurait été mortellement blessé.



    Des doutes subsistent toujours sur l’auteur du coup de couteau mortel sur le jeune rugbyman. Mais ces nouvelles auditions, ainsi que les interrogatoires des neuf suspects déjà mis en examen peu après la fête, ont permis d’orienter les gendarmes vers une poignée de suspects.

    Au moins 3 armes blanches découvertes chez les suspects

    Selon nos informations, lors des perquisitions réalisées chez les onze nouveaux suspects lundi, tous domiciliés à Romans-sur-Isère – notamment dans le quartier de la Monnaie – et dans les environs immédiats, les gendarmes ont saisi plusieurs tenues vestimentaires ciblées par l’enquête et ayant potentiellement pu être portées au moment du drame.

    Des téléphones ont aussi été emportés par les enquêteurs afin d’être expertisés. Enfin, au moins trois armes blanches ont été découvertes chez les suspects, sans que le lien entre ces couteaux et le drame survenu à Crépol ne soit à ce stade établi.

    Durant cette soirée de village, au moins 450 personnes étaient présentes à l’intérieur de la salle des fêtes. Des vigiles ont été engagés pour assurer la sécurité. D’après l’enquête, des jeunes, majoritairement originaires du quartier de La Monnaie à Romans-sur-Isère, sont arrivés par petits groupes en voitures, sans forcément tous se connaître entre eux, du début de soirée jusqu’au milieu de la nuit.