«Aline», Clara Luciani, «Danse avec les stars»... voici le palmarès des Étoiles du Parisien 2021

Comme chaque année, notre rédaction a élu ses coups de cœur dans les différents domaines de la culture et de la télévision. Et les gagnants sont...

«Aline», de et avec Valérie lemercier, c’est une incroyable histoire d’amour, beaucoup d’humour, et des séquences musicales inoubliables. Jean-Marie Leroy
«Aline», de et avec Valérie lemercier, c’est une incroyable histoire d’amour, beaucoup d’humour, et des séquences musicales inoubliables. Jean-Marie Leroy

    FILM FRANÇAIS : « Aline »

    On l’a attendue longtemps, « Aline », à cause de plusieurs reports pour cause de restrictions sanitaires, et elle a fini par arriver sur nos écrans le 10 novembre. Un choc, tant ce film de et avec Valérie Lemercier - son meilleur - ne rentre dans aucune case. À la fois portrait en abîme, vrai-faux biopic et hommage à Céline Dion, elle retrace le parcours d’une chanteuse québécoise au destin extraordinaire, femme d’une force sidérante et star adulée dans le monde, grâce à un tempérament hors-norme et un immense talent. « Aline », c’est aussi une incroyable histoire d’amour, beaucoup d’humour, et des séquences musicales inoubliables. Que du bonheur…

    FILM ÉTRANGER : « Dune »

    Denis Villeneuve a fait appel au jeune acteur le plus convoité du moment, Timothée Chalamet.
    Denis Villeneuve a fait appel au jeune acteur le plus convoité du moment, Timothée Chalamet. Warner Bros Pictures

    Un demi-siècle après sa publication, le chef-d’œuvre de la science-fiction littéraire bénéficie enfin d’une adaptation à sa hauteur. Après une version incomprise, voire détestée, par David Lynch en 1984, puis une mini-série oubliée en 2000, il fallait une pointure comme Denis Villeneuve, déjà aux manettes de la suite risquée de « Blade Runner », pour rendre justice à la vision de Frank Herbert. Pour ce film dont il rêvait depuis l’adolescence, le Canadien reste fidèle au texte, et reprend les thématiques environnementale et politique du livre. Il y ajoute une touche féministe, convoque le jeune acteur le plus convoité du moment, Timothée Chalamet, et signe le début d’une saga aux images d’une ampleur cosmique.

    PERSONNALITÉ TÉLÉ : Marie Portolano

    De la spécialiste du sport à la reine (ou presque) de la pâtisserie. 2021 a clairement été l’année Marie Portolano. À commencer par son documentaire sur le sexisme dans le journalisme sportif, « Je ne suis pas une salope, je suis journaliste », diffusé en mars sur Canal +. Un coup de pied dans la fourmilière avant un changement de chaîne et une arrivée sur M 6, pour l’Euro de football, avant de se lancer dans le divertissement. Contrat rempli avec le succès de la nouvelle saison du « Meilleur pâtissier », où son humour et son second degré ont fait mouche.

    ÉMISSION TÉLÉ : « Danse avec les stars »

    Elle était vieillissante. Poussiéreuse. Presque mourante. Mais après deux ans d’absence pour cause de Covid, « Danse avec les stars » a fait son retour en force sur TF 1. Un jury renouvelé, un casting rajeuni – le youtubeur Michou ainsi que les chanteurs Tayc et Bilal Hassani en tête -, un animateur revigoré… Et un ensemble très agréable à regarder chaque vendredi soir, résolument plus moderne. Preuve qu’une émission peut retrouver le succès, même lorsqu’on l’annonce condamnée.

    HUMOUR : Guillermo Guiz

    Cet ancien espoir du football belge distribue les vannes décapantes comme d’autres enchaînent les buts.
    Cet ancien espoir du football belge distribue les vannes décapantes comme d’autres enchaînent les buts. LP/Philippe de Poulpiquet

    « Au suivant ». Une merveille de titre pour un deuxième spectacle. Surtout quand on vient de la patrie de Jacques Brel et qu’on a choisi la transmission, le rapport père-fils, comme fil rouge. Arrivé sur le tard dans le paysage humoristique, Guillermo Guiz a changé cette année de décennie (il vient d’avoir 40 ans) et de stature. Il paraît loin le novice qui, en 2017, rodait son premier stand-up en regardant ses pieds. Désormais, sur scène, le chroniqueur de France Inter rayonne. Son show (au théâtre de la Renaissance, à Paris, du 5 au 8 janvier, puis en tournée) est frais et inventif. À la fois dans l’air du temps lorsqu’il s’agit de redessiner les frontières de la masculinité et très personnel quand il nous raconte une enfance hors-norme. Cet ancien espoir du football belge distribue les vannes décapantes comme d’autres enchaînent les buts. Met de la lumière dans de nombreuses thématiques sombres. Le tout avec un sens de la formule irrésistible. Chapeau, Guillermo.

    HUMOUR MUSICAL : Les Coquettes

    Chanson humoristique ? Humour en chansons ? Peu importe. « Merci Francis », le deuxième spectacle des Coquettes, est une vraie claque, de celles qui regonflent à bloc. Trio inclassable, déjanté et glamour, ces nanas apportent un vent de fraîcheur sur les planches. Dans leurs combinaisons à paillettes, perchées sur des talons hauts, ces trois trentenaires qui pourraient être nées de l’union des Spice Girls et de Pierre Desproges balancent des horreurs d’une drôlerie incroyable, le tout sur des mélodies vitaminées. La légèreté n’est qu’apparente. Vraies féministes, fausses ingénues, elles sortent les griffes et dynamitent clichés et tabous sur la maternité ou la sexualité féminine. Le tout avec une autodérision qui fait du bien.

    SÉRIE FRANÇAISE : « En thérapie »

    On a tous nos névroses. Le succès de la série Arte « En thérapie » (40 millions de vidéos vues), adaptation du format israélien « BeTipul », le prouve. Pendant 35 épisodes, on a adoré s’asseoir dans le salon du docteur Dayan (formidable Frédéric Pierrot). On s’est fait petites souris pour assister à ce huis clos brillant, où un psychanalyste empathique tente de venir en aide à des patients au lendemain des attentats du 13 Novembre. Sa voix chaude et son regard bienveillant ont agi sur nous comme… une thérapie.

    « En thérapie », série d’Éric Toledano et Olivier Nakache, avec Frédéric Pierrot, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Pio Marmaï… 35 épisodes de 23 à 30 minutes chacun, disponibles sur Disney +.

    SÉRIE ÉTRANGÈRE : « Anna »

    Chef-d’œuvre venu d’Italie, « Anna » nous a bluffés, sur Arte, par l’originalité de son scénario dans un monde postapocalyptique où seuls les enfants ont survécu à une pandémie mondiale. La performance des jeunes comédiens, Giulia Dragotto en tête, et la mise en scène virtuose du romancier, ici scénariste et réalisateur, Niccolo Ammaniti, font de cette fresque une fiction à couper le souffle. Un conte d’une poésie sauvage et bouleversante à découvrir en DVD ou en vidéo à la demande sur Arte.tv.

    MEILLEUR ACTEUR TÉLÉ : Louis Peres dans « Germinal »

    Dans la peau d’Étienne Lantier, dans «Germinal», le charisme de Louis Peres a fait des merveilles.
    Dans la peau d’Étienne Lantier, dans «Germinal», le charisme de Louis Peres a fait des merveilles. Sarah Alcalay - FTV - Banijay

    Incarner le héros d’une série adaptée d’Émile Zola face à une pléiade d’acteurs expérimentés et populaires : le défi était de taille pour le jeune Louis Peres, 25 ans. Dans la peau d’Étienne Lantier, dans la série « Germinal » sur France 2 (toujours disponible sur France.tv et sur Salto), son charisme a fait des merveilles. Sa prestation alliant puissance et fragilité, énergie et vulnérabilité, a tout emporté sur son passage. Difficile de rendre plus bel hommage à tout un peuple de mineurs et à ceux que la terre du Nord a engloutis.

    MEILLEURE ACTRICE TÉLÉ : Audrey Fleurot dans « HPI »

    En campant cette super héroïne du quotidien, populaire et fantasque presque sortie d’un cartoon, Audrey Fleurot a décroché la lune.
    En campant cette super héroïne du quotidien, populaire et fantasque presque sortie d’un cartoon, Audrey Fleurot a décroché la lune. Philippe Le Roux/Itinéraire Pro

    Un parler cru, un look d’enfer avec ses minijupes et bottes à talons, des répliques ciselées matinées de touches d’improvisation savoureuses… Au printemps dernier, Audrey Fleurot a fait jaillir le clown qui sommeillait en elle au gré de la série « HPI » sur TF 1. Loin des bourgeoises et femmes fatales qui l’ont révélée, l’actrice a gagné ses galons dans la comédie sous les traits de Morgane, maman solo frondeuse et femme de ménage au haut potentiel intellectuel amenée à aider la police de Lille. En campant cette super héroïne du quotidien, populaire et fantasque presque sortie d’un cartoon, l’actrice flamboyante a décroché la lune : elle a donné le sourire à plus de 12 millions de téléspectateurs et pulvérisé les records. Vivement la saison 2 !

    ROMAN : « Trois » de Valérie Perrin

    On l’attendait au tournant après son « Changer l’eau des fleurs » qui n’en finit pas de truster les meilleures ventes. Avec « Trois » (Ed. Albin Michel, 672 p. 21,90 euros), Valérie Perrin nous a bluffés une fois de plus par son talent de conteuse et son immense générosité. Dans ce formidable roman, elle nous embarque à la rencontre de Nina, Adrien et Étienne, trois amis d’enfance que la vie a séparé et que nous suivons de leur adolescence à nos jours. Un pavé de 670 pages qu’on ne peut plus lâcher une fois commencé et dans lequel elle revient sur la jeunesse, les attirances, le temps qui passe ou encore nos choix de vie. Les bons et les mauvais. Quel don pour émouvoir ses lecteurs !

    POLAR : « La Forêt des disparus » d’Olivier Bal

    Retenez bien son nom et si vous n’avez rien encore lu d’Olivier Bal, courez en librairie. Son précédent polar « L’affaire Clara Miller », nous avait scotchés. Avec « La Forêt des disparus » (Ed. XO Éditions, 440 p., 19,90 euros), rebelote malgré un thème classique – des randonneurs qui disparaissent sans laisser aucune trace. Un roman choral porté par une écriture fluide et angoissante, un thriller aussi génial que glaçant sur fond de secrets de famille.

    BD : « Jours de sable », d’Aimée de Jongh

    John, 22 ans, rêve de devenir photojournaliste. Nous sommes en 1937 et les États-Unis sont plongés dans la crise économique. Engagé par la Farm Security Administration, organisme chargé d’aider les fermiers victimes de la grande dépression, il part pour le « Dust Bowl », région du sud, où la sécheresse et les tempêtes de sable provoquent une misère dramatique… En s’appuyant sur des faits historiques, la néerlandaise Aimée de Jongh tisse avec « Jour de sable » (Éd. Dargaud, 288 pages, 29,99 euros) un bouleversant récit intime et initiatique, graphiquement très réussi. Impossible de résister à ces sables émouvants.

    ALBUM FRANÇAIS : « Cœur » de Clara Luciani

    Clara Luciani a donné le LA en remettant le disco à la mode et a refait danser et sourire les foules.
    Clara Luciani a donné le LA en remettant le disco à la mode et a refait danser et sourire les foules. LP/Olivier Lejeune

    Qui mieux que Clara Luciani incarne cette année où l’on a pu enfin respirer et espérer ? La chanteuse de « La Grenade » a fait plus que passer le difficile cap du deuxième album avec son « Cœur », dévoilé en juin. Elle a donné le LA en remettant le disco à la mode et a refait danser et sourire les foules sur scène à la rentrée. Son engagement contre le harcèlement scolaire dont elle a fait la chanson de la série « L’école de la vie » n’est pas non plus pour nous déplaire. La Claramania ne fait que commencer. La billetterie de sa tournée cartonne malgré le contexte sanitaire.

    ALBUM ÉTRANGER : « Happier Than Ever » de Billie Eilish

    Dans cette saison entre deux eaux - sans confinement mais sans tournée internationale - où les méga pop stars ont fait un retour décevant, Billie Eilish a tiré son épingle du jeu avec un deuxième album introspectif et complexe. Pas de tubes planétaires, comme « Bad Guy », mais un ensemble bien plus fort et cohérent, avec des textes d’une sacrée maturité du haut de ses 20 ans et des compositions diablement bien produites par son frère Finneas, l’autre génie du duo. Elle se paye même le luxe de ne pas inclure sur son album le thème du dernier James Bond, « No Time To Die ».

    ALBUM RÉVÉLATION : « Still. There’s Hope » de Victor Solf

    La crise sanitaire et économique a été dévastatrice pour beaucoup de jeunes artistes, mais elle en a aussi inspiré et révélé d’autres. Quatre ans après la disparition de son ami Simon Carpentier, avec qui il avait fondé le groupe Her, Victor Solf, 31 ans, s’est lancé en solo au printemps avec un album renversant, « Still. There’s Hope ». Des chansons qui célèbrent la vie et l’espoir, dans un grand élan de gospel, de soul et d’électro-pop, et prennent une dimension folle sur scène. En concert, on n’a rien vu d’aussi intense et bouleversant en 2021.

    THÉÂTRE « Lawrence d’Arabie » : fantastique épopée

    Moliérisé en 2016 pour « Les Cavaliers » de Kessel, Éric Bouvron retrouve le souffle épique de l’aventure avec l’histoire de Lawrence d’Arabie, jeune archéologue anglais devenu espion durant la Première Guerre mondiale. Sur scène, huit comédiens pour 80 personnages, deux musiciens et une chanteuse, embarquent le spectateur, fasciné, dans une épopée fantastique. On est transporté, envoûté. Découvert à Avignon l’été dernier, le spectacle arrive à Paris (au théâtre le 13e Art du 13 janvier au 27 février) puis part en tournée.

    COMÉDIE MUSICALE : Charlie et la chocolaterie

    Le plein de magie grâce à ces 2h15 de show sucré.
    Le plein de magie grâce à ces 2h15 de show sucré. DR

    Cette adaptation du roman de Roald Dahl est une grande réussite. Les comédiens jouent à merveille les enfants gâtés insupportables, soutenus par un parent déjanté. La mise en scène et les décors embarquent tout de suite le public dans la pauvreté de la cabane familiale de Charlie, dans l’extraordinaire usine de Willy Wonca. Les chansons sont parfaitement interprétées, dans une joyeuse ambiance. Et l’envol de quelques personnages ajoute encore de la magie à ces 2h15 de show sucré. À voir au Théâtre du Gymnase, à Paris, jusqu’au 6 mars.

    EXPOSITION : « Julie Manet, la mémoire de l’impressionnisme » à Marmottan

    Dans la famille Manet, on connaît Édouard. Moins sa nièce, Julie, fille de Berthe Morisot et d’Eugène Manet, à qui le musée Marmottan-Monet (Paris XVIe) consacre une sublime exposition jusqu’en mars. Julie, ce personnage à la fois central et méconnu de l’histoire de l’art, est racontée à hauteur de femme et même d’enfant. Elle grandit non sous l’objectif, mais le pinceau. Celui de son oncle. De sa mère, beaucoup. De Renoir, aussi.

    Julie a 9 ans quand ses parents commandent au maître un portrait officiel. Sept ans plus tard, rebelote, mais le regard de la jeune fille est plus grave. Elle a perdu son père, et sa mère malade succombera dans quelques mois. Fin de l’innocence. Pas de son histoire avec la peinture. Son mari Ernest Rouart, peintre et collectionneur, l’immortalise à son tour. Femme de l’ombre, artiste de talent sinon de génie, Julie se battra toute sa vie pour replacer sa mère en pleine lumière dans l’histoire de l’impressionnisme.