Démographie : l’agglomération de Caen séduit toujours autant

Le Calvados est le seul département normand à avoir gagné des habitants entre 2015 et 2021 selon les chiffres de l’Insee, dans le sillage d’une agglomération caennaise à la douceur de vivre communicative.

L’Abbaye-aux-Hommes, l’hôtel de ville de Caen. La capitale du Calvados a gagné 1940 habitants entre 2015 et 2021. LP/Esteban Pinel
L’Abbaye-aux-Hommes, l’hôtel de ville de Caen. La capitale du Calvados a gagné 1940 habitants entre 2015 et 2021. LP/Esteban Pinel

    Le froid a beau saisir les parents venus chercher les enfants à l’école de Biéville-Beuville (Calvados), en cette semaine de rentrée, il n’entame pas la bonne humeur de Cyrielle. Cette maman s’est installée dans cette commune entre Caen et la mer il y a trois mois et se félicite du choix familial : « On a tout : la mer d’un côté, Caen de l’autre. Les bus, un médecin, un supermarché. » « On est à côté de plein de choses », complète sa jeune Madeline. Biéville-Beuville fait partie des villes qui ont le plus gagné d’habitants entre 2015 et 2021, selon les derniers chiffres de l’Insee parus fin 2023 (+ 594, pour 3 738 habitants en 2021).



    Son cas n’est pas isolé dans le Calvados et plus précisément dans l’agglomération caennaise, à rebrousse-poil d’une tendance démographique normande à la baisse. Avec 7591 petits nouveaux, le Calvados est le seul département de la région Normandie à gagner des habitants. Le top 10 des communes qui en enregistrent le plus entre 2015 et 2021 est facile à situer : Caen et ses alentours. « C’est l’agglomération la plus dynamique pour la création d’emplois, relève Joël Bruneau, maire de Caen et président de l’agglomération Caen-La-Mer. Son attractivité est davantage vantée, avec une forte qualité de vie. »

    « Je n’ai jamais vu un joueur ne pas se plaire ici. C’est impossible de ne pas s’intégrer », renchérit à l’unisson un ancien entraîneur du SM Caen. Une sorte de douceur de vivre que décrit Jean, habitant de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe croisé à Carpiquet (+ 700 habitants entre 2015 et 2021) : « La mer n’est pas loin, il y a la campagne. C’est sympa à vivre, près d’une belle ville (Caen). Même des gens contraints de venir au départ restent car ils se sentent bien ». L’après Covid a accéléré le mouvement, avec l’arrivée d’un certain nombre de familles, notamment originaires d’Île-de-France. Caen-La-Mer et le Calvados ont d’ailleurs réalisé plusieurs opérations séduction à Paris pour attirer.



    Après des années de baisse, Caen, la ville centre, se remplume… et s’entoure. « L’agglomération s’est étalée, constate Joël Bruneau. Les pôles secondaires, des villes de quelques milliers d’habitants, sont confortés. » Ces dernières accueillent de nombreux projets de construction. « La ville se reconstruit sur elle-même, ça crée du logement », confirme Jean à Carpiquet. Plus au nord-est, Lucie témoigne que « Biéville-Beuville grandit. Il y a moins l’ambiance village qu’avant ». En cinq ans, cette résidente a vu le paysage changer.

    Dans le même temps, les prix de l’immobilier ont bondi. « C’est une rançon de l’attractivité. C’est assez cher, reconnaît le président de Caen-La-Mer. Il faut faire un travail sur l’habitat, pour que des jeunes couples, par exemple, puissent continuer à s’installer. ». Et des jeunes tout court, au sein d’une ville centre très étudiante (plus de 30 000).

    Reste que si la hausse démographique est une « satisfaction », une certaine prudence est de mise. « Il faut préserver le caractère humain de l’agglomération, dit Joël Bruneau. Il faut penser à limiter car les ressources ne sont pas extensibles, comme l’eau. La démographie nous aide car, globalement, elle stagne. L’enjeu, c’est de capter des forces vives pour renouveler ». Les projections tablent sur 290 000 habitants au maximum pour l’agglomération à l’horizon 2040 (272 000 environ aujourd’hui). Une tendance qu’il faudra accompagner d’une offre de services, de transports et de loisirs, pour que continue de battre un des cœurs démographiques normands.