Arcis-sur-Aube honoré pour son action en faveur des réfugiés ukrainiens en France

Le maire Charles Hittler fait partie des huit personnes décorées par la préfète de l’Aube de la médaille de la Sécurité intérieure pour leur engagement dès les premiers jours de l’invasion russe.

Charles Hittler, maire d'Arcis-sur-Aube, a reçu la médaille de bronze de la sécurité intérieure des mains de la préfète de l'Aube Cécile Dindar ce lundi 5 février 2024. LP/Jonathan Sottas
Charles Hittler, maire d'Arcis-sur-Aube, a reçu la médaille de bronze de la sécurité intérieure des mains de la préfète de l'Aube Cécile Dindar ce lundi 5 février 2024. LP/Jonathan Sottas

    L’arrivée des réfugiés ukrainiens en France au lendemain de la tentative de guerre éclair de la Russie et l’élan de solidarité à laquelle elle a donné lieu il y a deux ans semblent déjà si lointains. L’hommage rendu ce lundi 5 février à la préfecture de l’Aube à huit personnes, dont le maire d’Arcis-sur-Aube, mobilisées dès l’arrivée des premières familles, est venu rappeler ce soutien des premières heures.

    « Un soutien qui ne s’est jamais démenti depuis 2022 dans notre département », souligne la préfète Cécile Dindar. Centre-trente-six exilés, des femmes, des enfants ont gagné l’Aube dès le mois de mars 2022, mobilisant des bénévoles, des agents de l’État, ou encore des élus comme Charles Hittler, le maire d’Arcis-sur-Aube. « C’est vrai qu’à notre époque, le sujet est compliqué. Mais quand on peut recevoir pour de bonnes raisons, Je crois qu’il faut le faire », a-t-elle commenté.



    Il faut dire qu’Arcis-sur-Aube, 2700 habitants à 30 km au nord de Troyes, a un lien particulier avec l’Ukraine. Il remonte à un combat perdu dans la ville par Napoléon les 20 et 21 mars 1814 face aux Austro-Russes. Une victoire commémorée en donnant le nom d’Arcis, Artsyz en ukrainien, à une communauté prussienne installée dans ce qui est aujourd’hui l’oblast d’Odessa, qui appartenait autrefois à l’empire russe dans le sud du pays. Une ville ukrainienne qui compte aujourd’hui 15 000 habitants.

    « Robert Piat, notre ancien maire (1965-1983), a recherché un petit peu tous les Arcis qu’il y avait en Europe, et il a trouvé ce Artsyz en Ukraine. Ils ont noué des relations, et on a fait une charte d’amitié avec eux », explique Charles Hittler. Leur donner un coup de main au début de l’invasion russe est donc rapidement devenu une évidence. « Et puis nous avons la chance d’avoir un couple franco-ukrainien venu habiter dans la commune. Il n’y avait pas le barrage de la langue. »

    Quatre familles sont restées

    L’élu sait à l’époque qu’il ne prend pas de risque. La commune possède un CADA, un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, qui ne pose aucun problème à la population. « Je trouve que c’est tellement dur, déjà, de venir dans un autre pays. Si, en plus, on les reçoit mal… Naturellement, il faut filtrer, il peut y avoir n’importe qui. Mais ceux qui sont dans leur droit, surtout avec la guerre, eh bien recevons-les vraiment décemment », plaide-t-il.

    Il y a deux ans, l’aide d’urgence se met rapidement en place, en lien avec la Croix-Rouge, des volontaires, mais aussi l’Éducation nationale et les enseignants « qui ont fait un boulot extraordinaire », souligne le maire d’Arcis-sur-Aube. « On voulait, dit-il, leur donner toutes les chances pour qu’ils puissent rebondir et retourner chez eux. » Sa médaille de la Sécurité intérieure ? « Je la fais partager avec tout le monde, parce que c’est important. »

    Si certaines fratries ukrainiennes sont reparties quand la situation s’est calmée, quatre familles sont restées dans les environs. Car deux ans après le début du conflit, la tendance n’est pas à une sortie de crise. « J’en ai gros sur la patate, soupire Charles Hittler. Je suis un de ceux, je ne sais pas s’il y en a beaucoup en France, qui regardent encore la 26 (la chaîne LCI). C’est là où ils en parlent le plus. »

    Ami avec le maire d’Artsyz, l’élu aubois continue de s’informer quotidiennement sur la situation en Ukraine. « La grande chance avec Facebook, c’est qu’il y a la traduction. Et donc je suis un petit peu ce qu’ils vivent là-haut. » Une cagnotte avait été mise en place au début du conflit pour aider la population sur place. « Quand on voit tous les réfugiés dans le sud de l’Ukraine, on va essayer d’en remettre encore une couche, parce qu’on sent bien que tout le monde s’essouffle. Tous les jours, il y a des morts. Et ça, c’est vraiment quelque chose qui me touche », avoue Charles Hittler. À ce jour, 230 réfugiés dont 72 enfants sont encore accueillis dans l’Aube.