Paris : restauration et mise en valeur des ateliers Bourdelle
Raphaëlle Saint-Pierre
« Le musée Bourdelle a été conçu autour des ateliers du sculpteur. Construits en 1878 dans le cadre d'une cité d'artistes, ils sont l'un des derniers témoignages d'un Montparnasse qui ne subsiste plus », éclaire sa directrice, Amélie Simier. Paris Musées et la Ville de Paris ont chargé les architectes Bertrand Naut et Grégoire Oudin de restaurer le bâtiment (Paris XVe) de 450 m2 SHON. Elevés quasiment sans fondations, avec une ossature en pans de bois et un remplissage de briques, ces volumes connaissent de sérieux problèmes d'affaissement. Au rez-de-chaussée, l'atelier du sculpteur est resté tel qu'au moment de sa mort, en 1929. « L'atmosphère est exceptionnelle, on a l'impression que Bourdelle vient juste de partir », raconte Bertrand Naut (ABN Architectes). « L'enjeu consiste à conserver l'authenticité et l'esprit des lieux », ajoute Grégoire Oudin d' APGO Architecture et Patrimoine.
Préserver les murs délabrés. Les créateurs ont effectué un relevé précis de l'atelier, de l'emplacement des meubles au rythme des parquets, déposés et reposés à l'identique. Une reprise structurelle en portiques d'acier au niveau de la façade remplacera d'anciens renforts en bois. Une ventilation sera dissimulée, sans toucher à la volumétrie. Les murs seront préservés dans leur état de délabrement, apprécié des visiteurs. Le plancher de l'étage n'ayant pas une portance suffisante pour accueillir du public, le plafond sera refait et patiné. Jouxtant cet espace, un atelier longtemps attri bué au peintre Eugène Carrière, plusieurs fois réaménagé, verra son volume d'origine restitué pour abriter une nouvelle muséographie. A l'étage, un café sera créé dans un autre atelier, transformé en 1947 en appartement pour la fille de Bourdelle, Rhodia, conservatrice du musée jusqu'à sa mort, en 2002.
Les architectes reprendront la bichromie d'origine jaune et blanc imaginée par le gendre du sculpteur, le décorateur Michel Dufet. « Notre choix est de restaurer un décor qui a du sens, pour que les visiteurs puissent vivre dans l'intimité de la famille de l'artiste », précise Amélie Simier. Les travaux, menés par les entre prises Lefèvre et Renofors avec un budget de 2,4 M€ HT, ont débuté par des injections de béton dans le sous-sol. La livrai son est prévue au printemps 2022 pour une ouverture au public au début de l'été.