Comprendre le monde, pour le transformer. » C’est par cette formule, clin d’œil à Karl Marx, que Guillaume Erner ponctuait, lundi 31 août, son premier billet dont le titre résume à lui seul l’esprit : « L’humeur des Matins ». Un billet-manifeste qui dessinait ce jour-là les grandes lignes éditoriales de cette matinale dont il vient de prendre la tête, après le départ de Marc Voinchet, devenu le nouveau directeur de France Musique.
Pour faire bonne mesure, dès ce premier matin, ce sociologue de formation et ancien professeur à Sciences Po affichait résolument la couleur en recevant Pierre Rosanvallon. « Comprendre le monde est une mission de service public, explique celui qui jusqu’ici distillait son gai savoir sur les ondes de France Inter dans « Service public ». Il y a là un double militantisme : journalistique, bien sûr, mais aussi intellectuel car je désire démontrer que les sciences humaines ne sont pas la caricature que l’on en fait, à savoir quelque chose de jargonnant, creux et sans intérêt. »
Au-delà du côté prestigieux et convoité de cette tranche horaire qui recueille plus de 50 % de l’audience de la station – « c’est comme l’Everest pour un alpiniste, ça ne se refuse pas », dit-il le regard malicieux –, c’est la possibilité offerte par la radio d’inviter un universitaire pour commenter l’actualité qui l’a conduit à accepter ce défi.
Place à l’international
A écouter la nouvelle directrice de France Culture, Sandrine Treiner, le choix de Guillaume Erner à la tête des « Matins » ne relève ni du hasard ni de la décision précipitée. « Depuis un an, Marc Voinchet hésitait à repartir pour une nouvelle saison. Parmi les hypothèses, il y avait Guillaume Erner, je connaissais l’idée qu’il se faisait d’une matinale. En outre, il a toute la culture nécessaire pour tenir ce rendez-vous d’information : l’ouverture d’esprit, l’intellectualisme le plus bourdieusien et aussi cette fantaisie, qui en font un vrai personnage. »
Restait à adapter quelque peu « Les Matins » à cette personnalité tout sauf lisse. Sans modifier les grandes structures qui composent l’émission, soit une première partie consacrée à l’actualité pure et une seconde où le sujet du jour est éclairé par une série d’entretiens avec un ou plusieurs invités, quelques nouveautés ont été apportées. Outre l’ajout de voix féminines, voulu par Sandrine Treiner, telle Amélie Perrier, qui présente les journaux, en alternance avec Olivier Danrey, et tient une nouvelle chronique « Culture éco » (6 h 45) ; ou Hélène Delye (« La Revue des images », 8 h 52), une plus grande place est désormais accordée à l’actualité française avec, entre autres, la revue de presse de Nicolas Martin. Sans pour autant réduire la place prépondérante de l’international, qui en est l’un des marqueurs.
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