Le présentateur est depuis quatre ans à la tête de « Politique matin » sur LCP. Bilan
Mercredi 10 décembre à 8 h 30, LCP Assemblée nationale diffusera la 1 000e de « Politique matin », l’émission quotidienne de débat et d’information, qui soufflera aussi pour l’occasion ses cinq bougies. Depuis septembre 2010, du lundi au jeudi, c’est l’ancien présentateur du « 13 heures » de France 2 Patrick Chêne, 58 ans, qui est à la baguette de ces 60 minutes matinales, où il a succédé à Pierre Sled. Au menu de cette 1 000e, zapping, making of, souvenirs, et la présence de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale.
Mercredi 10 décembre, ce sera la 1 000e de « Politique matin » que vous présentez depuis quatre ans. Comment expliquez-vous cette longévité ?
« Politique matin » est différente des autres émissions politiques parce qu’elle laisse le temps aux invités de s’exprimer et permet d’aller au fond des sujets et d’éviter ainsi les petites phrases et les slogans à répétition. De ce point de vue, « Politique matin » a presque un côté iconoclaste. On prend son temps, et c’est un luxe aujourd’hui à la télévision.
Un luxe que vous n’aviez pas quand vous présentiez le journal de France Télévisions ?
Non, bien sûr, et c’est normal. Mener un débat ou réaliser un entretien à 7 heures du matin sur RTL ou à 20 h 50 sur France 2 exige d’avoir le réflexe – légitime, professionnel – de chercher à conserver l’intérêt du téléspectateur en ramenant le débat ou l’entretien sur des sujets attendus. Dans « Politique matin », je n’ai pas cette contrainte. Si mes invités partent sur un débat de fond, je peux les laisser avancer dans cette voie sans me dire « zut, il y a un temps mort, c’est mauvais pour l’audience ». C’est mon métier aussi, je l’assume et je l’ai fait en d’autres temps, quand je présentais le « 13 heures » ou « Stade 2 ». Ici, c’est un rythme différent ; les invités sont même parfois surpris eux-mêmes qu’on leur accorde cet espace sans les bousculer. C’est une émission qui accepte de se poser et c’est rare à notre époque.
Vous êtes au cœur de l’Assemblée nationale, ce qui vous donne une vue imprenable sur la vie politique. Quelles sont les images qui vous ont le plus marqué en quatre ans de « Politique matin » ?
En effet, c’est une fenêtre sur la vie politique française parce qu’ici on reçoit, bien sûr, les têtes d’affiche, mais aussi les élus qui n’ont pas accès au « 20 heures », que l’on n’entend pas s’exprimer ailleurs et qui font parfois leurs premières armes médiatiques dans l’émission. Certains politiques sont venus chez nous alors qu’ils n’étaient absolument pas connus à l’époque. Je pense en particulier à ces jeunes députés socialistes, dont les noms ne disaient rien au grand public : Bernard Cazeneuve, Stéphane Le Foll, Najat Vallaud-Belkacem, Marisol Touraine… tous devenus ministres aujourd’hui.
Reviennent-ils à « Politique matin » une fois que leur notoriété leur ouvre les portes du « 20 heures » ?
Oui, généralement. Même si j’essaie de les bousculer un peu, ils reviennent, car ils savent que ce n’est pas du zapping, qu’ils auront du temps pour s’exprimer et qu’il y aura des reprises dans les médias. Ainsi, Xavier Bertrand a mis du temps à accepter de venir. Mais il a été repris et, deux mois plus tard, il était de nouveau là.
Connaissent-ils les thèmes de l’émission avant de venir ?
Au début, je donnais un thème. Puis j’ai arrêté. C’est plus spontané, ils ne savent pas de quoi on va parler. De même que je ne vois pas mes invités avant. Je trouve que cela donne une fraîcheur. Cela peut aussi être à l’origine de grosses bêtises : l’autre fois, j’ai commencé mon interview avec Razzy Hammadi, élu des Français de l’étranger, par : « Hier, vous avez été trente et un à vous abstenir sur le vote du budget… » Pas de chance, il ne s’était pas abstenu.
Durant dix ans, on ne vous a pas vu à la télévision. Cela vous a-t-il manqué ?
Non, sincèrement. J’ai fait de la télé autrement, en produisant des émissions. Mais quand j’arrêterai « Politique matin », ça va me manquer, car c’est très sympa à faire.
Qu’est-ce qui vous a incité à revenir à l’écran en 2010 ?
Depuis que j’ai quitté France 2, on m’a proposé plusieurs choses à la télévision, et aussi à la radio, pour des matinales. Chaque fois, il aurait fallu que cela devienne mon activité principale, alors que moi je souhaitais continuer mon activité de producteur de télé et de sites Web. Mais c’est surtout le concept qui m’a convaincu. Quand Gérard Leclerc (le patron de LCP Assemblée nationale) m’a appelé, je connaissais déjà un peu l’émission, car j’y avais été invité pour un débat sur les paris sportifs. J’ai dit à Gérard Leclerc : « D’accord, mais si c’est pour qu’on parle de l’audience tous les matins, cela ne m’intéresse pas. Je veux vraiment qu’on parle de style et de qualité. » Jusqu’ici le pari est tenu. Et ça fait mille émissions que cela dure.
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