Ne dites pas à Patrick de Carolis qu’il vit actuellement son apprentissage d’élu. « Je ne me vois pas en apprenti, non. Je dirais que je suis un nouveau venu dans le paysage politique », corrige, du haut de son 1,92 mètre, l’ancien président de France Télévisions, 68 ans, revenu en 2020 à Arles (Bouches-du-Rhône), sa ville natale, pour en conquérir la mairie. Dans son bureau avec vue sur la fontaine de l’Obélisque, l’homme de télé et écrivain réfute toute faute d’inexpérience et se dit « assez satisfait de ses deux premières années de mandat ».
Vainqueur surprise à la faveur d’une division de la gauche qui dirigeait la ville depuis vingt-cinq ans et d’un retrait négocié de la liste Les Républicains (LR), Patrick de Carolis traverse pourtant, vingt-deux mois plus tard, une période agitée. Sa brouille, révélée par les médias locaux, avec le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, charrie des mots d’une rare violence et fragilise la situation financière de cette ville de 52 000 habitants, endettée à hauteur de 105 millions d’euros.
Son opposition locale l’accuse de « tromperie » depuis qu’il a rallié, en décembre 2021, Horizons, le parti d’Edouard Philippe, après avoir porté une candidature « sans étiquette et sans investiture ». Quant à certains de ses colistiers, ils se plaignent dans la coulisse d’une gestion trop verticale, qui n’accorde des parcelles de pouvoir qu’aux deux premiers adjoints. Enfin, dans une ville dont il entend réorganiser une fonction publique municipale forte de 1 100 personnes, M. de Carolis essuie aussi des poussées de fièvre sociale. Comme celle du 13 avril, où les agents du nettoiement, redoutant de voir leur service privatisé, ont déversé quelques tonnes d’ordures sous ses fenêtres à la veille de la feria de Pâques.
« Un apolitique de droite »
« Pendant la pandémie, nous avons tous été solidaires et le Covid-19 a offert une année sabbatique à Patrick de Carolis… Mais en septembre 2021, son vrai visage est apparu », grince le socialiste Mohamed Rafaï, ancien des mandatures de Michel Vauzelle. Cet élu, qui donne rendez-vous place du Forum sous la statue de Frédéric Mistral, a rodé une formule. Pour lui, le nouveau maire d’Arles est « un apolitique de droite, qui ne pense qu’à sa communication ». Avec, comme dernier exemple, sa présence à cheval au défilé des gardians du 1er-Mai. « Aucun maire d’Arles n’a fait cela. Il surjoue nos traditions », s’agace le communiste Hervé Schiavetti, son prédécesseur au poste. L’ex-adjoint Nicolas Koukas (PCF), chef de file de l’opposition, dénonce, lui, « la suppression par le nouvel exécutif de toutes les commissions de travail ouvertes à l’opposition ». « Sans commission des finances, on a découvert le budget 2022 cinq jours avant le vote », regrette le conseiller municipal.
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