La maison est posée près d’un lavoir, dans la Nièvre, en pleine terre mitterrandienne, dans une jolie petite ville de 1 500 habitants aux toits pentus. Elle ne se laisse pas apercevoir de l’extérieur. Une grille bleue protège le repaire des regards. Personne aux alentours ne connaît son propriétaire, pas même le maire : les travaux ont été commandés depuis Levallois-Perret, l’adresse officielle du nouveau propriétaire.
Si on en croit le compte Twitter de Pierre Sautarel, c’est pourtant ici qu’il faut aller pour comprendre « Fdesouche », site consulté par près d’un million de visiteurs chaque jour, « et deux millions en cas d’attentats », indique au téléphone son mystérieux fondateur.
Dénicher ce berceau a tout du jeu de piste. Le propriétaire poste bien quelques indices sur les réseaux sociaux, comme la photo de deux chaises longues dans un jardin de curé, pause méritée après des week-ends passés à « retaper » la maison, mais pas de code postal.
« Ce personnage de campagnard qui aime les fleurs alors que j’ai toujours grandi en Ile-de-France, ça m’amuse. Ça change de l’image du facho à pitbull », souffle Sautarel. Sur place, ni nom ni sonnette. Les voisins auraient de toute façon du mal à reconnaître le Sautarel qui pose sur son compte Twitter dans ce Parisien de 36 ans, un brin enrobé – le mal des geeks –, qui passe incognito, soucieux de garder son visage et l’adresse de son havre secrets.
L’homme et son double
« Si la France était une couronne, le Nivernais serait son diadème », s’enflammait encore il y a quelques jours Sautarel sur Twitter. Le Morvan semble attirer les amoureux d’une France pure et éternelle.
« La bande à Soral » a pris ses quartiers d’été à Ternant, village de 200 habitants aux confins de la Nièvre et de Saône-et-Loire. Quelques jeunes gens de Réconciliation nationale se sont installés dans une vieille ferme du hameau des Chapuis. Le patron de Rivarol, Jérôme Bourbon, est à deux pas, et Robert Spieler, chroniqueur de « la France asservie et résistante » dans l’hebdomadaire pétainiste, tout proche aussi. Un peu plus loin, des lecteurs de Fdesouche ont racheté quelques corps de ferme dans un village et y ont installé une communauté. Son nom ? La Desouchière.
Le Morvan, c’est pourtant la vie réelle de Pierre Sautarel, celle que cet enfant d’Internet ne passe pas simultanément sur ses trois écrans. Enfance, adolescence, âge adulte : son existence suit le rythme des progrès de la technologie.
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