Serge Ayoub est content de lui. Le chef de Troisième Voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) – deux groupuscules d'extrême droite radicale sous le coup d'une procédure de dissolution – a annoncé, mardi 25 juin, qu'il a pris les devants.
Il y a une semaine, assure M. Ayoub, il a "dissous pour l'honneur" ses deux groupes, "pour ne pas être dissous par d'autres. Ces tartufferies, c'est fini". "C'est enregistré en préfecture", continue encore M. Ayoub, crâne rasé, tatouage du sigle des Croix fléchées (parti hongrois pronazi durant la seconde guerre mondiale) sur la tempe. Le gouvernement a lancé une procédure de dissolution contre Troisième Voie et les JNR après la mort du militant antifasciste Clément Méric, le 5 juin, à la suite d'une rixe avec des skinheads proches de ces organisations.
D'autres groupes – qui ne sont pas proches de M. Ayoub – sont aussi visés par une procédure identique. Il s'agit d'Œuvre française (pétainiste, antisémite, fondée sur les ruines de l'OAS), présidée par Yvan Benedetti, et des Jeunesses nationalistes, sa branche jeune, dirigée par Alexandre Gabriac.
"LIBERTÉS FONDAMENTALES"
"Les dissolutions ne servent à rien, ce sont des effets de com'", estime M. Ayoub, qui y voit "une attaque politique [du gouvernement] qui s'est servi de la mort d'un enfant [Clément Méric]". En tout cas, il se dit prêt à faire un recours en excès de pouvoir si le décret de dissolution est adopté.
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"Les libertés fondamentales valent pour tout le monde, pas que pour ceux qui sont "d'accord". (…) Serge Ayoub n'est pas d'accord, il a le droit d'exercer, peut-être plus que tout autre, ses libertés fondamentales, parce qu'il est radicalement opposé au régime tel qu'il est", juge son avocat, Nicolas Gardères, qui se présente comme ancien militant d'Europe Ecologie-Les Verts et tient à préciser que ses "sympathies politiques sont extrêmement éloignées de Troisième Voie".
"Il est reproché à Troisième Voie une incitation à la haine à l'encontre des non-Français, des étrangers, et aux JNR d'être un groupe de combat ou une milice privée. (…) Je connais bien les écrits de Serge Ayoub et je n'y ai pas vu de nazisme, de racisme (…), j'y ai vu quelque chose qui était contre les étrangers, contre l'immigration de manière générale. Bon, pourquoi pas, c'est ses idées", argumente Me Gardères, persuadé que cela ne tombe pas "sous le coup des cas visés par la loi" du 10 janvier 1936.
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