Il était entre 3 et 4 heures du matin, dimanche 14 janvier, quand les sirènes ont retenti dans les rues de Grindavik, à 40 kilomètres au sud-ouest de Reykjavik, la capitale islandaise. Une impression de déjà-vu a alors parcouru les habitants qui ont été évacués le 11 novembre, date de violents tremblements de terre qui ont ouvert le sol en deux, puis le 18 décembre dernier, peu avant la précédente éruption volcanique qui a duré jusqu’au 21 décembre.
Dimanche, la centaine d’habitants qui avaient choisi de rentrer chez eux malgré des risques connus et répétés, ont été sommés de quitter la ville, tout comme les touristes séjournant au spa le Blue Lagoon. Une décision prise par les autorités après de nombreux séismes de magnitudes 2,5 et 3 au cours des heures précédentes et un risque de plus en plus accru de nouvelle éruption.
Sur les coups de 8 heures du matin, la première explosion de lave, coiffée d’un halo de fumée rose, allume le ciel et habille le sommet du volcan Sundhnjukagigar. Les images des caméras de surveillance retransmises par la télévision publique islandaise sont saisissantes.
L’espoir d’un rapide retour s’éloigne
Quelques heures plus tard, au nord de la ville, une fissure se dessine dans la neige aux abords du mur d’enceinte, construit en trois semaines pour protéger la centrale de géothermie de Svartsengi. « Les forces de l’ordre avaient tenté de continuer la construction du mur après l’évacuation de la zone mais ça n’a pas suffi », soupire Bjarny Sigmardottir, habitante de Grindavik réfugiée à Reykjavik.
Les images diffusées sur Instagram par des photographes basés en Islande montrent que la lave franchit alors rapidement le mur par capillarité, s’écoulant de part et d’autre de celui-ci. En fin de matinée, la coulée atteint le conduit d’eau de la centrale de géothermie alimentant la ville en chauffage. « Heureusement, toute l’usine avait été mise à l’arrêt dès l’évacuation de ce matin », commente Einar Sveinnbjörnsson, météorologiste.
Alors que le pire semble se produire à Svartsengi, une nouvelle faille émerge du sol au sud-ouest de la ville. « A midi, on a vu poindre de la lave à quelques dizaines de mètres des premières maisons de la ville, puis on a assisté en direct à l’embrasement de l’une d’elles, puis d’une seconde, explique M. Sveinnbjörnsson. Il est fort probable que d’autres subiront le même sort dans les heures à venir. »
Loin de chez eux, les habitants de Grindavik sont dévastés et assistent en direct à la télévision à la progression de la lave dans les rues de leur ville. « La nôtre n’est pas endommagée pour l’instant », témoigne Bjarny Sigmardottir. « Avant cette nouvelle éruption, on nous avait annoncé que le retour chez nous serait peut-être possible dans un mois. Maintenant, cet espoir s’éloigne. »
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