Le bilan que l’Observatoire de la côte aquitaine (OCA) a rendu public, le 1er mars, est rédigé en termes faussement rassurants. L’hiver 2017-2018 a été jusqu’ici « normal », estime-t-il, et les marées à fort coefficient du début du mois ne devraient éroder le littoral aquitain que dans des « proportions » couramment observées en cette saison. Mais les remarques de cet organisme, qui scrute l’évolution morphologique des côtes de la région depuis plus de vingt ans, soulignent une relative accalmie plutôt qu’ils n’incitent à l’optimisme.
Submersion marine, abaissement du niveau des plages, grignotage des dunes et effondrement des falaises… Sous les coups de boutoir des éléments parfois amplifiés par le changement climatique, le « trait de côte » – limite maximale atteinte par la mer sur le rivage dans des conditions météorologiques normales ou extrêmes – recule en effet inexorablement. Selon le ministère de la transition écologique et solidaire, 26 kilomètres carrés de territoire métropolitain ont ainsi disparu entre 1949 et 2005, soit l’équivalent de 3 100 terrains de rugby.
« Deuxième région littorale la plus attractive en France, la côte aquitaine est aussi la deuxième façade métropolitaine la plus affectée par l’érosion », note Vital Baude, conseiller régional Europe Ecologie-Les Verts et délégué au littoral de la région Nouvelle-Aquitaine. Sur ses 240 km de côtes sableuses qui courent de l’estuaire de la Gironde à l’embouchure de l’Adour, le recul atteint en moyenne 1,70 m à 2,50 m par an, selon un rapport de l’OCA de décembre 2016. Certains épisodes hivernaux sont plus impressionnants : les tempêtes qui ont frappé la France le 28 décembre 2017, puis le 1er et le 4 janvier, ont provoqué localement un recul pouvant atteindre 7 m.
Le retrait général de la côte sableuse sur le littoral aquitain devrait être « d’environ 20 m d’ici 2025 et même davantage par la suite selon la puissance des vagues et la fréquence des tempêtes », prévient Cyril Mallet, ingénieur en risques côtiers au Bureau de recherches géologiques et minières et chef de projet littoral pour l’OCA. Ces estimations pourraient même être revues à la hausse, car le changement climatique favorise la montée du niveau de l’océan qui se conjugue aux phénomènes d’érosion.
La protection des dunes par une méthode active dite « douce », en installant des palissades de bois et en déposant des branchages afin d’empêcher le sable de s’envoler et les gens de les piétiner, est plus que jamais de mise. Mais il faut aussi assurer celle des biens et des personnes. Or l’Insee estime que les 26 départements littoraux métropolitains devraient concentrer 43 % de la croissance démographique de la France métropolitaine d’ici 2040, avec près de 4 millions de nouveaux résidents.
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