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Lino, rappeur canal historique

Le musicien présente en tournée son nouvel album, « Requiem », dans lequel il chronique les mues et les maux du pays.

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Publié le 06 février 2015 à 18h02, modifié le 19 août 2019 à 13h31

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Pochette de l'album de Lino,

« Eteindre le feu avant que ça crame, et corriger les fautes de Français. » Ecrits en 2014, les textes du disque Requiem du rappeur français Lino, sorti le 12 janvier, résonnent avec les débats de l’après-Charlie. « Comment veux-tu qu’on se comprenne quand c’est TF1 qui fait les présentations ? », s’interroge-t-il dans Fautes de Français, jeu de mots sur les erreurs de syntaxe et celles du citoyen. A 40 ans, ce rappeur de Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise, repart en tournée avec un album à la hauteur de sa réputation.

Au milieu des années 1990, son groupe Ärsenik, créé avec son frère Calbo, avait donné une ligne de conduite au rap français : boxer avec les mots, faire du rap qui prenne position. Mais avec les années 2000 et 2010, l’individualisme et la course aux disques d’or ont édulcoré les révoltes, puis les textes. Alors, Lino, de son vrai nom, Gaëlino M’Bani, s’est mis en retrait de « cette époque où rapper les révoltes est devenu old school », chante-t-il dans Choc funèbre. Il a vécu grâce aux droits d’auteur récoltés avec Bisso Na Bisso, son collectif franco-congolais à succès. Il est devenu père de famille, a beaucoup écrit, et « pris le temps de vivre, d’observer, de voyager ».

Changement de discours

Il a révisé ses classiques, étudié les textes de Renaud, l’un des premiers poètes de la banlieue, auquel il rend un bel hommage dans Le Flingue à Renaud. Puis il a analysé ce qui a changé dans les cités de son enfance. Né à Brazzaville, Lino a grandi dans plusieurs grands ensembles en province avec sa famille avant de s’installer, à l’adolescence, à Villiers-le-Bel, en banlieue parisienne. « A mon époque, se souvient-il, dans les bacs à sable, nous étions blancs, noirs, arabes. J’ai grandi avec des Turcs, des juifs, des Italiens, des Pakistanais… A Saint-Priest près de Lyon, j’allais chez mon pote juif, j’apprenais sa culture, puis je passais chez l’Arabe de la même manière. Nous vivions la pub de Benetton en vrai, ce n’était pas de l’angélisme. Au début, c’était un peu pareil à Villiers. Et puis ça a changé, les gens se sont resserrés autour des communautés. »

En même temps que les mentalités, il a vu changer les discours politiques. « Pendant mon enfance, se rappelle-t-il, on disait “Touche pas à mon pote”, on portait même la main jaune. C’était l’idée : ne touche pas à mon pote l’immigré. Avec Nicolas Sarkozy, on est passé à la stigmatisation. A la télé, on entendait : “Il ne faut pas porter le voile, égorger le mouton dans la baignoire”. Et puis [l’ex-président de l’UMP] Jean-François Copé a enfoncé le clou en déclarant que, pendant le ramadan, des musulmans empêchaient des petits Français de manger leur pain au chocolat. Islam et pâtisserie… En quelques générations, on est passé de l’immigré à protéger à celui qui nous agresse. »

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