Au début, c’était une frontière. Aujourd’hui, il coule paisiblement entre Monpazier, en Dordogne, où il prend sa source, et Casseuil, où il se jette dans la Garonne. « Quand les Anglais vendangeaient l’Aquitaine », pour reprendre le titre d’un essai à succès de Jean-Marc Soyez, le Dropt séparait les régions que les Français et eux, rivaux de la guerre de Cent Ans, se disputaient à coups de rapières et d’arquebuses.
La cohabitation est devenue plus pacifique, même si certains s’irritent de ce que, à la terrasse du café Lou Drot, à Allemans-du-Dropt, on entende davantage la langue de Shakespeare que celle de Molière. Les Britanniques ont acheté beaucoup de maisons de la région, et continuent de le faire, Brexit ou pas. Les habitations à vendre sont donc rares.
Vallons ronds et apaisants
On ne peut que comprendre les Anglais d’être venus ici se reposer des brumes de Manchester. Suite de vallons ronds et apaisants, la vallée du Dropt est un lieu aussi serein que verdoyant. Le regard la saisit en entier du belvédère du petit village de Monteton, membre de l’Association des communes de France aux noms burlesques. La place de l’église en offre une vue magnifique : vergers de pruniers, champs massifs de noisetiers, de tournesols et de maïs, granges et fermes se succèdent. C’est ici, dans le Duraquois, la région de Duras, qu’a démarré le tourisme de gîtes.
« Nous n’avons pas envie d’être envahis comme les Basques », sourit la maire, Geneviève Le Lannic, vieux nom breton qui, comme d’autres, italiens ou juifs, a essaimé sur une terre qui fut d’accueil. Ici, le tourisme de masse n’est pas (encore ?) arrivé : pas de centre ou de village vacances, pas de Center Parcs… La commune a créé trois randonnées pédestres de 6, 8 et 19 kilomètres. On peut naviguer sur le canal de Garonne, et une « véloroute » de 89 kilomètres a été installée le long du Dropt. « Les gens viennent pour la tranquillité et les vieilles pierres », se réjouit l’édile.
Vieilles pierres qui sont partout : la vallée conserve un patrimoine culturel important, encore marqué par les luttes médiévales. Plusieurs bastides se succèdent. A Allemans-du-Dropt, outre les superbes fresques du XVe siècle de l’église Sainte-Eutrope, les deux halles, le vieux lavoir et le pigeonnier méritent le détour. A La Sauvetat-du-Dropt, bourg qui, en 1637, vit le massacre de 1 500 croquants par les forces du régiment de Guyenne, on peut encore admirer tout un petit quartier de maisons à colombages, une église avec un chœur roman et de beaux vitraux, ainsi qu’un pont du XIIe siècle. A Eymet, ce sont des façades à pans de bois, le château fort et les maisons sur arcades de la place centrale que l’on vient contempler.
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