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Prof à Sciences Po, un label très convoité

A l’heure où Olivier Duhamel, professeur émérite à l’Institut d’études politiques de Paris, met fin à toutes ses fonctions, « prof à sciences po » demeure une étiquette réputée, que s’arrachent politiques, avocats et journalistes. Peu importe s’ils ne sont en fait que de simples vacataires.

Publié le 15 janvier 2021 à 16h30, modifié le 16 mai 2022 à 11h21 Temps de Lecture 3 min.

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L’Institut d’études politiques de Paris, rue Saint-Guillaume, dans le 7e arrondissement.

Si la fête n’avait pas été annulée « en raison de la démission d’Olivier Duhamel et de la crise sanitaire », les profs de Sciences Po auraient dû se retrouver le 14 janvier pour la traditionnelle saint Guillaume de l’école de la rue Saint-Guillaume, afin d’évoquer l’incroyable silence qui a entouré cet inceste familial qui n’en finit pas de secouer l’establishment parisien.

L’école de la rue Saint-Guillaume, à Paris, est une grande entreprise de vacataires qui distribue un label à 4 500 personnes. Seuls 7 % sont des permanents.

Si tous les profs de Sciences Po (et moi avec) se donnaient la main, ils formeraient une grande ribambelle qui pourrait aller de la place de la Bastille à l’Arc de triomphe. L’école de la rue Saint-Guillaume, à Paris, est une grande entreprise de vacataires qui distribue un label à 4 500 personnes. Seuls 7 % sont des permanents. Parmi les vacataires, des gens aux noms prestigieux qui ne sont généralement pas professeurs à temps plein. Mais ça, seuls les vrais, ceux qui ont les titres et les diplômes, le savent.

Quand un élu échoue à une élection municipale ou législative, quand un ministre quitte le gouvernement, il explique qu’il va devenir enseignant à Sciences Po. Peu importe que l’activité n’occupe que vingt petites heures par an : elles suffisent à embellir un CV ou, mieux, son profil Twitter. Machine à recycler les anciens politiques, Sciences Po donne l’impression à Jean-François Copé ou à Hubert Védrine de rester dans les allées du pouvoir (cénesthésie qui passe bien mieux que d’avoir à dire qu’on est devenu « consultant indépendant », cette autre façon de ne pas dire qu’on est en recherche d’emploi).

Sur l’échelle des priorités, les vacataires sont, après les étudiants, l’administration et les permanents, la quatrième communauté de Sciences Po. C’est une population sous-payée – du moins par rapport à ce à quoi elle croit pouvoir prétendre – mais flattée. L’étiquette n’a pas de prix et vaut bien le déplacement. « Professeur à Sciences Po » ajouté sur la jaquette du livre d’un haut fonctionnaire ou sous une tribune publiée dans la presse, ça donne une crédibilité intellectuelle. « Professeur à Sciences Po », c’est aussi un sésame pour être présenté dans les médias. Autre avantage, depuis l’agrandissement de la salle des profs de la rue des Saint-Pères, on peut y faire des rencontres – professionnelles, s’entend –, enrichir son carnet d’adresses. Ceux qui y ont été étudiants s’amusent d’y revenir, d’autres, aux passés scolaires plus cahotiques, se disent que ça aurait amusé leurs parents de les voir ici.

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