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La littérature érotique, une affaire de femmes

Ce sont elles qui lisent, elles qui écrivent aussi. Et pas seulement des romans à l’eau de rose. Au pays de Sade, les auteures ont donné un coup de fouet à un genre longtemps prisonnier des ­fantasmes masculins.

M Le Magazine du Monde

Publié le 15 juin 2016 à 11h46, modifié le 20 juin 2016 à 08h57

Temps de Lecture 10 min.

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Après un long soupir qui ressemblait à celui qui suit une décision difficile, il commença à bouger plus vite, mais c’était encore loin de ce que mon corps réclamait. Alors, il m’attrapa une fesse dans chaque main et m’écarta au point que je crus qu’il allait m’ouvrir en deux. Quand il me pilonna à nouveau, il alla tellement loin dans ma chatte que je sentais son gland frapper le fond de mon ventre » (extrait de Songs of Submission – saison 1 : Supplie, séduis, obéis, de C.D. Reiss, éd. Marabout). Depuis le carton planétaire de Cinquante nuances de Grey, nos librairies se sont encanaillées. Leurs étagères se sont teintées de couvertures sombres aux titres explicites, quand elles n’ont pas carrément aménagé un rayon consacré à une littérature coquine trustée par des plumes féminines et anglo-saxonnes.

Les torchons et les serviettes

E.L. James, Anna Todd, C.D. Reiss… Inutile de chercher l’intruse : pas une Française ne répond à l’appel. Aucune n’a d’ailleurs été invitée à participer au Festival New Romance, à Bandol, dans le Var. Même Octavie Delvaux, dont la comédie érotico-romantique Sex in the Kitchen s’est vendue à près de 25 000 exemplaires – et les droits rachetés en vue d’une adaptation au cinéma –, a été snobée. Trop frenchy ? « L’éditeur Hugo & Cie n’a convié que ses auteures, qui sont toutes américaines. Outre-Atlantique, ce sont des stars qui fédèrent des communautés de milliers de lectrices. Plus que leur livre, c’est leur image qu’on achète », justifie Aline Sibony-Ismaïl, responsable de la collection « Red Velvet » chez Marabout.

« Ce que je retiens, c’est que les éditeurs ont enfin découvert que les femmes ont une sexualité. » Marie Minelli, auteure de « Les filles bien n’avalent pas »

Triste défaite pour les filles spirituelles de Sade ? Pas sûr. « De la littérature érotique ?, s’interroge l’auteure de Dix bonbons à l’Amante, Julie-Anne de Sée, c’est plutôt ce que l’on appelle de la “chick lit”, une littérature commerciale, légère et divertissante, écrite par les femmes pour les femmes et dont se délectent les adolescentes. » En littérature comme ailleurs, on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Ecrivant pour les deux registres, Miss Kat confirme : la new romance n’aime ni les salopes ni les nymphos. Son héroïne type est jeune, jolie, intelligente, mais peu expérimentée sur le plan sexuel. C’est l’amour qui va l’amener à se déniaiser. Avec un beau milliardaire, évidemment… « Dans l’imaginaire collectif, quand on lit de la littérature érotique, on est forcément une grosse cochonne alors que si on achète de la new romance, on revendique son côté fleur bleue. L’honneur est sauf ! », conclut Franck Spengler, dirigeant fondateur des Editions Blanche. Une différence subtile derrière laquelle les éditeurs traditionnels se sont abrités pour justifier la création de collections sagement émoustillantes.

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