En cette soirée de décembre 2017, Marion Maréchal fête ses 28 ans. Jacques de Guillebon, lui, ses 39 ans. Les deux amis sont tous deux nés un 10 décembre. Ils ont réservé un sous-sol pour l’occasion dans une boîte de nuit de Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Il a été demandé à la cinquantaine de convives de se déguiser en référence aux trois ordres de l’Ancien Régime : clergé, noblesse ou tiers état. « Les cardinaux étaient si nombreux qu’on pouvait à l’aise élire un pape », se gausse un invité. Marion Maréchal est coiffée d’une charlotte et vêtue comme une paysanne : les uns voient dans cet accoutrement une tricoteuse de la Révolution, les autres reconnaissent Charlotte Corday, l’assassin de Marat, parfois prise comme égérie par l’extrême droite. Guillebon, lui, raconte s’être déguisé en marquis. Le principal conseiller de Marion Maréchal rechigne à livrer plus de détails sur ses soirées potaches. Il préfère parler des invités de l’Issep, cet institut de sciences sociales, économiques et politiques qu’il a lancé en grande pompe à Lyon avec l’ancienne députée du Vaucluse en septembre. Le polémiste Eric Zemmour y était attendu le 14 novembre. Une bonne affiche, pour installer cette boutique, qui entend former une nouvelle élite, en contribuant notamment au rapprochement de la droite et de l’extrême droite.
« Il a trouvé Marion irrésistible. Il est devenu le pédagogue de la princesse. » un proche.
Maréchal, Guillebon : ces deux-là se sont rencontrés un 10 décembre, encore, en 2013, lors d’un dîner chez des amis communs. Ce journaliste pigiste, dont la carrière peine à décoller en dehors des milieux catholiques traditionalistes, est immédiatement séduit par la jeune parlementaire. Lui, l’« anarcho-royaliste », trouve que la nièce de Marine Le Pen est « une fille cultivée, curieuse, libre d’esprit ». Elle découvre un agitateur d’idées iconoclaste, « qui sait toujours tout sur tout ». Il intègre le cénacle des autoproclamés « spadassins » qui entourent la jeune femme. Pendant la campagne des régionales de 2015, il rédige les discours de la candidate frontiste en PACA. A l’Assemblée nationale, il rejoint la boucle de mails des collaborateurs pour travailler au « souffle historique et littéraire » de ses interventions, selon un autre collaborateur de la députée.
En juin 2017, Guillebon accompagne Marion Maréchal dans son « retrait » de la vie politique. Il est à ses côtés en juillet, quand elle répond à l’invitation de la Ligue de Matteo Salvini, à Montemarcello, en Ligurie, pour parler immigration. Quant à l’Issep, l’idée est en partie la sienne. « C’est une école pour ceux qui ne sont pas heureux idéologiquement à Sciences Po », explique le codirecteur du conseil scientifique de l’institut. C’est lui, aussi, qui dirige le très « marioniste » mensuel L’Incorrect, revue chantre de l’union des droites. « Il a trouvé Marion irrésistible. Il est devenu le pédagogue de la princesse », sourit un proche.
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