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Jérôme Leroy, l’écrivain qui recompose le présent

L’auteur, communiste revendiqué mais écrivant dans le magazine réactionnaire « Causeur », livre depuis 2011, dans la lignée du « Bloc », des thrillers politiques qui alertent contre la montée de l’extrême droite. La menace se précise dans « Les Derniers Jours des fauves »…

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Publié le 20 février 2022 à 09h00, modifié le 25 février 2022 à 09h35

Temps de Lecture 8 min.

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L’écrivain Jérôme Leroy, en 2021.

Les complexes héros des romans policiers de Jérôme Leroy le savent, il ne faut surtout pas se fier à ce que l’on voit. L’auteur des Derniers Jours des fauves, son nouveau et vertigineux thriller politique, le confirme : pour le comprendre et saisir son œuvre, « il faut chercher les choses cachées derrière les choses ».

Car Leroy est une énigme. Communiste revendiqué, il cite pourtant volontiers le situationniste Guy Debord (1931-1994) et ne cache pas son admiration pour les zadistes, se plaçant ainsi bien loin de la « ligne » édictée place du Colonel-Fabien. Ses copains « polardeux » ? Les libertaires Patrick Pécherot et Serge Quadruppani, loin d’être des sectateurs du Parti communiste français (PCF). Les chroniques qu’il écrit pour Liberté Hebdo, journal communiste du nord du pays, Jérôme Leroy les regroupe dans un blog intitulé « Feu sur le quartier général », le mot d’ordre des gardes rouges de la Révolution culturelle chinoise, référence peu usitée au PCF. C’est surtout un clin d’œil à celui que Leroy présente comme son meilleur ami, Frédéric H. Fajardie. Cet ancien mao de la Gauche prolétarienne, mort en 2008, est l’auteur de romans policiers ciselés, violents, qui mêlent critique sociale et héros aux valeurs aristocratiques comme l’honneur et la tendresse envers tous les vaincus de l’histoire.

Lire aussi (2017) : Article réservé à nos abonnés « Un peu tard dans la saison » : Jérôme Leroy en quête de douceur

Enfin, Leroy, dont les polars peuvent se lire comme autant d’avertissements contre la montée de l’extrême droite en France, n’en écrit pas moins dans Causeur, magazine réactionnaire marqué à la droite de la droite, dont certaines figures ne cachent pas leurs sympathies nationalistes. Difficile de ranger le romancier dans une case.

Avec tous ces paradoxes, l’écrivain est régulièrement taxé d’être un « rouge brun ». Ces accusations fatiguent le quinquagénaire, né en 1964, à Rouen. « Ça m’énerve, ça me blesse, mais ça ne me gêne pas plus que ça. Je défie quiconque de trouver dans mes écrits la moindre trace “rouge-brune”. » Il jure, par exemple, que Causeur le laisse totalement libre de ses écrits et en veut pour preuve les nombreux et vifs textes critiques qu’il a publiés à l’encontre du candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle Eric Zemmour.

« Je suis le petit-fils illégitime de Roger Nimier et de Jean-Patrick Manchette »

Attablé dans une brasserie en face de la gare du Nord, à Paris, arborant petites lunettes rondes et courte brosse, il préfère évoquer d’autres paradoxes, littéraires ceux-là : « Je suis le petit-fils illégitime de Roger Nimier et de Jean-Patrick Manchette », sourit-il. Le premier (1925-1962) est considéré comme le chef de file des « hussards », cette bande d’auteurs de l’après-seconde guerre mondiale, impertinents et désespérés, grandis à l’ombre de Paul Morand et Jacques Chardonne. Le second (1942-1995) est le père du néopolar français où la fiction sert à dénoncer une réalité sombre, à l’aide d’une écriture acérée, faite de phrases courtes.

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