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« La Dame à la licorne et le Beau Chevalier » : péripéties et chants d’amour rimés

Ce roman courtois du XIVe siècle, bel hymne à l’amour platonique et à l’aventure, est rendu à la lumière après une éternité d’obscurité.

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Publié le 25 avril 2021 à 15h00, modifié le 06 mai 2021 à 19h30

Temps de Lecture 2 min.

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« Dame à la licorne », anonyme italien, vers 1510. Rijksmuseum, Amsterdam.

« La Dame à la licorne et le Beau Chevalier », anonyme, traduit du moyen français et édité par Nathalie Koble, préface de Léonor de Récondo, Phébus, 284 p., 21 €, numérique 15 €.

Qu’il est plaisant ce récit d’aventures, qu’il est délicieux et périlleux ! Les cœurs y soupirent de joie. Les chevaux cavalcadent. Batailles et tournois s’enchaînent avec vivacité. La Dame à la licorne et le Beau Chevalier date de 1349. Le manuscrit, conservé à la Bibliothèque nationale de France et jamais édité jusque-là, hormis une traduction en allemand au début du XXe siècle, est de ces découvertes assez miraculeuses.

Son auteur, fort inspiré en péripéties et chants d’amour rimés (rondeaux, ballades), est resté anonyme. Unique certitude : cette fiction de 8 575 vers, composée de couplets d’octosyllabes, fut écrite en guise de cadeau pour les noces de Blanche de Navarre (1331-1398) avec le roi de France Philippe VI.

Nathalie Koble, maîtresse de conférences à Normale Sup, qui l’a exhumée et traduite du moyen français, éclaire savamment, dans son introduction, la filiation et la postérité que ce récit a entretenues avec les arts et la littérature de son temps.

Licorne, mot féminin

Près de deux siècles avant la tenture de la Dame à la licorne – les six tapisseries exposées au musée de Cluny, à Paris –, les tropes de l’amour courtois et le bestiaire imaginaire propre au Moyen Age sont déjà là. Mieux, il s’agit de la première occurrence historique de la licorne, mot féminin, en lieu et place de l’unicorne, substantif masculin rappelant le symbole phallique, dressé sur le chanfrein de l’animal. Conséquence de ce changement de sexe, la licorne, symbole de pureté, peut être admise dans la chambre de ladite dame. Son apprivoisement est un cadeau octroyé par Dieu en récompense des qualités qu’elle manifeste : noblesse, ouverture aux plaisirs, intelligence, nature joyeuse et grande beauté, « en tout point si parfaite, que Jésus avait fait d’elle un miracle ».

L’intéressée a 16 ans, au début du récit. Hélas, elle est mariée à un baronnet jaloux, méchant et un peu stupide, lorsqu’elle s’éprend du Beau Chevalier. Au fil du temps, leur amour demeurera platonique bien sûr, quoique les amants s’échangent moult serments, anneaux, « quantité de baisers » et lettres enflammées…

Par monts et par vaux

Dès le prologue de ce roman, se profile un amour éternel : « Jusqu’à sa mort, il n’y eut ni jour ni heure où il ne se déclarât pas tout entier à elle. » Seule la tendresse qu’il voue à sa dame de cœur rend timide un homme que rien n’effraie par ailleurs. Pour lui prouver sa vaillance, il n’est de défis qu’il ne relève par monts et par vaux, vainquant des hordes de soldats, un géant diabolique, un nain sadique. Il brise des enchantements. ll délivre des demoiselles en détresse. Il défait des monstres, un dragon, un gigantesque sanglier à la toison d’or, dont le corps est « aussi haut qu’une tour ». Chaque obstacle croisé sur sa route constitue un motif d’amusement pour ce chevalier errant qui voyage du nord de l’Europe à Jérusalem. Le voilà en Italie auprès de l’empereur Frédéric, puis à la cour de l’émir turc, chez le roi de Tunis, en Hongrie… Infatigable, il est de facto invincible. Ses louanges se répandent. Ses ennemis s’inclinent. La Dame à la licorne se languit.

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