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Controverse autour de « Yoga », d’Emmanuel Carrère : « Je ne veux pas être écrite contre mon gré », affirme Hélène Devynck

La journaliste détaille les raisons qui l’ont poussée à refuser de figurer dans le dernier livre de son ex-mari.

Propos recueillis par 

Publié le 26 novembre 2020 à 18h30, modifié le 27 novembre 2020 à 12h04

Temps de Lecture 5 min.

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La journaliste et autrice Hélène Devynck revient sur le litige qui l’oppose à son ex-mari, l’écrivain Emmanuel Carrère, au sujet du dernier livre de celui-ci, Yoga (P.O.L., 380 pages, 22 euros), écrit au moment de leur séparation et dans lequel elle ne souhaitait pas apparaître.

Lors de votre divorce, en mars, d’avec l’écrivain Emmanuel Carrère, vous avez souhaité qu’un contrat juridique soit établi pour ne plus apparaître sans votre consentement dans ses romans d’« autofiction ». Pourquoi ?

Pour me protéger. Je suis un « personnage » expérimenté, instruit par des années de pratique ! Lorsque j’étais en couple avec Emmanuel Carrère, c’est-à-dire pendant quinze ans, je travaillais sur tous ses livres, ses scénarios, ses articles. Mon mari me trouvait « une oreille absolue » sur la justesse d’un texte et sur l’image qu’il donnait de lui-même. Pour Un roman russe, par exemple, une des versions se terminait par un suicide. Je lui ai suggéré de changer cette fin très noire par une lettre d’amour à sa mère. D’autres vies que la mienne raconte la mort de ma jeune sœur et la façon dont ma famille a traversé ce drame. J’avais confiance dans son talent. Il avait besoin de mon jugement. Je voulais bien être son personnage ; il était animé à quatre mains. Juridiquement, puisque j’avais accepté que ma vie et ma personne soient utilisées dans son œuvre, je n’aurais pas pu me refuser à ses livres à l’avenir, qu’ils me plaisent ou non, sans ce contrat.

Pourquoi, en particulier, avez-vous refusé de figurer dans son dernier livre, « Yoga » ?

Personne n’a envie d’être décrit ou décrite, après un divorce, sans pouvoir répondre. Depuis quelques années, comme il le révèle lui-même dans ce livre, ses troubles bipolaires se sont aggravés. Il a écrit (et m’a fait lire) plusieurs centaines de pages d’une violence folle : une littérature conçue comme une arme de destruction dirigée contre moi. Nous nous séparons. Il jure qu’il ne publiera jamais ces textes, mais je sais que ses promesses ne valent que ce que valent ses humeurs. J’ai voulu une protection juridique. Alors même qu’il négociait ce contrat, il écrivait et racontait sa version de notre séparation…

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Dans Libération, il dit qu’il m’a fait lire deux fois son manuscrit. La première version m’a sidérée de fausseté, alors qu’il prétend à longueur de livres que la littérature est le lieu où l’on ne ment pas. J’ai immédiatement dit que je ne voulais pas en être. J’avais beau dire non, non, non, il considérait que j’étais sa propriété littéraire. Il aurait pu m’effacer complètement, comme je le demandais, il n’y aurait pas eu de problème. Il a tenté une deuxième version, pire que la première. Puis il a finalement cité trois pages de D’autres vies que la mienne où je figure, sous prétexte que ces pages avaient déjà été publiées et que je ne pouvais plus, légalement, les refuser. En revanche, je ne veux pas être contrainte de figurer dans une histoire où je ne reconnais rien. Je ne veux pas être écrite contre mon gré. J’ai droit à la séparation.

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