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Jean Rolin, écrivain migrateur

Il n’est jamais là où on l’attend, lui qui nie être un « écrivain voyageur ». Pour le suivre dans son œuvre, qui s’enrichit du « Traquet kurde », vite, une boussole, et quatre points cardinaux.

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Publié le 31 mars 2018 à 09h00, modifié le 31 mars 2018 à 09h00

Temps de Lecture 7 min.

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L’écrivain Jean Rolin, en 2015.

Jean Rolin n’a pas attendu que le CNRS tire la sonnette d’alarme, le 20 mars, sur la disparition massive des oiseaux des campagnes françaises, pour cultiver la passion des volatiles. Ni pour estimer que leurs pépiements, le trajet de leurs migrations, et plus généralement leur sort, nous parlent de nous. Cet hiver, l’écrivain a ainsi publié Le Traquet kurde, récit sur les traces de cette espèce venue, comme son nom l’indique, du Kurdistan, dont un spécimen fut aperçu et identifié dans le Massif central au printemps 2015, quelques semaines après la bataille de Kobané, ville d’où les troupes kurdes du PKK repoussèrent les forces de l’organisation Etat islamique. Il est question d’ornithologie, mais aussi de Moyen-Orient et d’espions britanniques (parmi beaucoup d’autres choses) dans ce court roman aux phrases merveilleusement sinueuses, qui nous entraîne de l’Auvergne aux abords de Mossoul, en passant par Dakar et Ouessant. L’occasion d’évoquer avec Jean Rolin quelques sujets et motifs récurrents de son œuvre admirable, toute en circonspection ironique, digressions et mélancolie.

Animaux

L’écrivain possède un tropisme certain pour la désolation. Dans les zones arpentées au fil de son œuvre, on ne croise pas toujours d’être humain, mais on finit systématiquement par tomber sur des créatures à poil, écaille ou plume – quand elles ne figurent pas dans le titre de ses ouvrages, tels L’Homme qui a vu l’ours ou Un chien mort après lui (P.O.L, 2006 et 2008). « Où que je sois et quel que soit le contexte, j’en viens toujours à observer des animaux de toutes sortes », dit-il. Quand on le rencontre, il revient d’un voyage en Jordanie et au Liban, et ce qui l’y a réjoui « plus que tout » est d’avoir pu contempler deux spécimens de superbes espèces d’oiseaux, le roselin du Sinaï et le souimanga de Palestine. « Je pense que c’est, hélas, une marque de vieillesse que de revenir à des passions enfantines », glisse avec un sourire celui qui fait remonter cette fascination pour les piafs à un long séjour passé chez ses grands-parents en Bretagne, à Dinard. « Plus ça va, plus l’observation des oiseaux prend, ou plutôt reprend, une place excessive dans ma vie. » Cependant, elle ne suffirait à elle seule à justifier un livre. La nouvelle de l’apparition au sommet du puy de Dôme d’un traquet kurde en 2015 a résonné avec l’actualité récente. « S’il s’était agi d’un traquet de Nouvelle-Zélande, par exemple, ç’aurait été encore plus extraordinaire qu’il arrive jusque-là, mais ça ne m’aurait pas intéressé de la même façon. »

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