Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Christian Gailly, mort d'un écrivain jazzophile, drolatique et désespéré

Edité par Jérôme Lindon, adapté par Alain Resnais au cinéma, l'écrivain français est décédé le 4 octobre, à 70 ans.

Par 

Publié le 10 octobre 2013 à 09h21, modifié le 10 octobre 2013 à 13h46

Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

L'écrivain français Christian Gailly pose dans sa maison de L'Haÿ-les-Roses, en octobre 2004.

L'écrivain Christian Gailly est mort, le vendredi 4 octobre, à la suite d'une infection pulmonaire. Auteur de quinze livres, il laisse une oeuvre (publiée aux Editions de Minuit) marquée par un mélange de virtuosité littéraire et d'autodérision. En quatrième de couverture de son premier ouvrage, Dit-il, publié en 1987, on pouvait lire cette phrase éclairante, écrite par lui-même : "Christian Gailly, né le 14 janvier 1943, a manqué sa naissance, ses parents, enfances et adolescences, études, service militaire, mariage, enfants et tous ses premiers romans."

Lire la critique : " La Roue et autres nouvelles"

Son aventure avec l'écriture est pourtant venue sur le tard. Car Christian Gailly a d'abord rêvé plusieurs vies. Né à Paris pendant l'Occupation, à Belleville, au sein d'une famille modeste, le jeune garçon, dès l'âge de 10 ans, ne pense qu'à une chose : devenir aviateur. Mais il est bien trop myope pour concrétiser ce rêve. Plus tard, à l'âge de 16 ans, son père lui offre un saxophone ténor. Sous l'influence de Charlie Parker, il veut devenir jazzman, métier qu'il exercera un temps, mais qu'il finira par abandonner : cette activité est peu rentable et il doute bien trop de lui.

A l'image de ses personnages irrésolus, Christian Gailly échoue, mais recommence toujours. Après avoir été technicien chauffagiste, il ouvre un cabinet de psychanalyste, mais il est bientôt obligé de le fermer, car personne ne lui rend visite. Cette expérience psychique ne sera cependant pas totalement vaine. Sous l'influence de son propre analyste, il trouve enfin sa voie définitive : la littérature. "Je me souviens d'une séance où j'en faisais peut-être un peu trop, mon thérapeute m'a dit : "Vous devriez écrire." Je pense que c'est ainsi que je suis devenu écrivain", confiait-il à Libération, en janvier 2002.

L'écrivain français Christian Gailly pose dans sa maison de L'Haÿ-les-Roses, en octobre 2004.

Sa conversion à l'écriture prend alors une place obsédante dans sa vie d'homme. Sa maison de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) devient son atelier d'écriture. Il y écrit sans relâche, convoque la mémoire de ses maîtres (Thomas Bernhard et Samuel Beckett) qui l'aident à affirmer un style et à raconter ses histoires. Christian Gailly pressent que l'écriture est désormais du côté de l'épreuve. "En s'inventant une vocation de créateur, par la force du travail, on se place dans un espace de solitude totale : c'est pratiquer l'art au péril de sa vie et il n'y a plus de compagnie possible", confiait-il au Monde en décembre 2009. En 1985, la rencontre avec Jérôme Lindon, créateur et directeur des Editions de Minuit, est décisive : Christian Gailly s'attriste de n'avoir aucune imagination, l'éditeur l'encourage alors à raconter ce qui se passe dans son environnement immédiat. Christian Gailly s'exécutera.

Il vous reste 41.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.