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Chute du Mur de Berlin : ne nous trompons pas de funérailles

Editorial. Même si l’Europe est aujourd’hui en crise sur plusieurs sujets, il ne faut pas oublier que la chute du mur de Berlin a avant tout signé la fin du communisme en tant que régime totalitaire.

Publié le 09 novembre 2019 à 10h42, modifié le 09 novembre 2019 à 18h58 Temps de Lecture 2 min.

A Berlin, le 9 novembre 1989.

Editorial du « Monde ». Toujours prompts à l’autoflagellation, les Européens, incorrigibles pessimistes, ont abordé le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, dans une ambiance d’enterrement. Le moral est en berne, contrastant de manière saisissante avec l’euphorie des vagues de libération des pays d’Europe centrale tout au long de cette année révolutionnaire. Trente ans après, avancent-ils, l’Europe est divisée, ses économies stagnantes et sa démocratie en crise.

Rien de tout cela n’est tout à fait faux. Sur de multiples sujets importants, les 28 Etats membres de l’Union européenne élargie sont divisés, sans parler du fait qu’ils passeront bientôt à 27, avec le retrait, pour la première fois de l’histoire de l’Union, d’un de ses membres, et pas des moindres, le Royaume-Uni.

Les taux de croissance des économies matures sont faméliques, les crises de 2008-2010 ont eu un impact profond, les inégalités se sont creusées ; même le modèle allemand, Graal de la prospérité à l’européenne, est remis en question. La scène politique, enfin, n’est guère plus reluisante ; la vague populiste, même si elle est en phase de ressac, a déferlé d’est en ouest ; les failles de la démocratie représentative sont évidentes ; le nationalisme est en hausse, la tolérance en baisse.

Ruptures

Mais ne nous trompons pas de funérailles. Les révolutions de 1989 et la période qu’elles ont ouverte, qui ont abouti, l’année suivante, à la réunification de l’Allemagne et, en décembre 1991, à la disparition de l’Union soviétique, ont signé la mort du communisme en tant que régime totalitaire. Imposé à des populations qui n’avaient jamais été consultées, ce système a fait la preuve de son inapplicabilité économique ; dans sa forme la plus extrême, le stalinisme, il a causé la mort de millions de personnes. 1989 a marqué la victoire de la liberté sur l’oppression : l’euphorie était, à cet égard, justifiée.

L’espoir naïf que, parce que le rideau de fer était ouvert et le mur de Berlin abattu, l’Est allait aussitôt se transformer en un Ouest élargi et sans nuages était aussi illusoire que l’avenir radieux promis en leur temps par les artisans du communisme. D’abord, parce que l’expérience était sans précédent. Ensuite, parce que toute révolution porte en elle les ferments d’une contre-révolution et que les périodes post-révolutionnaires sont rarement linéaires. Enfin, parce que d’autres évolutions parallèles, comme la mondialisation économique et l’explosion du numérique, allaient bouleverser les équilibres sociaux, économiques, environnementaux et politiques du monde de l’après-seconde guerre mondiale. De telles ruptures ne pouvaient se faire sans remous.

Ceux qui veulent voir dans les difficultés actuelles de l’Europe et de ses démocraties l’échec d’une libération se trompent. Le niveau de vie des populations de l’ex-bloc soviétique a incontestablement augmenté. La liberté de circulation est désormais la règle dans l’immense majorité de ces pays. Les citoyens sont régulièrement associés aux choix électoraux.

La plupart de ces processus sont, bien sûr, encore loin de la perfection et ont révélé des failles imprévues, comme la construction européenne elle-même. Mais, si ce trentième anniversaire peut être mis à profit, ce doit être pour tenter de repenser, pour tous ceux qui l’ont adopté, le modèle démocratique et de remédier aux inégalités engendrées par la mondialisation. Pas pour ressasser une nostalgie délétère et mensongère.

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