François Bott, c’était d’abord une silhouette reconnaissable entre mille : mince, légèrement penché en avant, une pipe à la bouche et l’air de toujours aller quelque part. Un visage aussi, doté d’un très grand front et d’une paire d’yeux rêveurs, qui posaient sur le monde un regard plein de bienveillance. D’une exquise courtoisie, l’homme, qui s’est éteint le 22 septembre, à 87 ans, à Paris, a surtout été une figure du milieu littéraire à plusieurs titres. Non seulement comme journaliste et, notamment, comme responsable du « Monde des livres », mais aussi comme écrivain.
Il laisse derrière lui le souvenir d’un styliste à la fois délicat, érudit et généreux, qui a passé une partie de sa vie à faire connaître l’œuvre d’auteurs admirés. Né à Laon, dans l’Aisne, le 26 juin 1935, François Bott a commencé sa carrière à France-Soir, du temps où ce journal était encore l’un des titres importants de la presse française. Dans l’ébullition de l’après-guerre, le jeune journaliste participe à plusieurs entreprises de presse naissantes. Dès 1956, il crée une revue baptisée Exigence, puis entre à L’Express, l’hebdomadaire lancé quelques années auparavant par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud.
Il y dirige les pages littéraires, avant de devenir le premier rédacteur en chef du Magazine littéraire, qu’il a cofondé en 1966. En 1968, enfin, il rejoint le service littéraire du Monde. Succédant à Jacqueline Piatier, il dirige « Le Monde des livres » pendant huit ans (1983-1991), au terme desquels il laisse la place à Josyane Savigneau. Quelques années plus tard, en 1995, il quittera le quotidien pour la littérature, après y avoir tenu pendant plusieurs années une chronique intitulée « Histoires littéraires », où il donnait libre cours à sa passion pour les auteurs du passé, leur vie et leur travail.
Ecrivain aux talents divers
François Bott a toujours aimé les « fantômes » et leurs secrets, avec une tendresse particulière pour les écrivains cyclistes et « les poètes boxeurs ou les boxeurs poètes », comme il les appelait. Exactement comme les flamboyants loustics mis en scène dans son roman de 2005 Faut-il rentrer de Montevideo ? (Le Cherche Midi) : « Isidore, l’obscur jeune homme, Arthur le boxeur, Rik le flambeur », écrivait-il alors pour désigner Lautréamont, Rimbaud et Rik Van Steenbergen, un ancien champion cycliste, mort en 2003 dans la solitude et l’oubli. Pourquoi les avoir réunis ? « Parce que, chacun à sa manière, ils ont cru à la poésie de l’existence, même si leurs époques respectives se sont efforcées de les en dissuader. »
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