Le danseur, pédagogue et chorégraphe Arthur Mitchell, star afro-américaine du ballet depuis les années 1950, est mort, mercredi 19 septembre. Il avait 84 ans. Créateur du Dance Theatre of Harlem, en 1969, ardent militant de la cause des Noirs américains, cet artiste brillant et puissant a illuminé dès 1955 les pièces du chorégraphe George Balanchine (1904-1983), devenant l’un des solistes phares du fameux New York City Ballet (NYCB).
Né à Harlem le 27 mars 1934, Arthur Mitchell aligne les étapes d’un parcours sans faute d’interprète hors pair salué très vite par le succès public. Il fait ses apprentissages à la New York City High School of Performing Arts dont il sort premier en 1952. La même année, il décroche une bourse pour l’école de l’American Ballet tout en collaborant parallèlement avec de nombreux chorégraphes, dont Donald McKayle (1930-2018). Il multiplie les petits boulots et fait son apparition, en 1954, sur Broadway dans la comédie musicale House of Flowers.
Premier danseur noir à intégrer le NYCB
Il intègre le NYCB en 1955 et y reste quinze ans. Il est non seulement le premier danseur noir à intégrer une compagnie de ballet de cette envergure, mais il est aussi très vite distingué par Balanchine. Son style limpide et athlétique rayonne dans les pièces du maître du néoclassique américain, qui chorégraphia pour lui le pas de deux d’Agon, pièce emblématique créée en 1957. Il y sublimait, auprès de Diana Adams, le style sec et physique, très insolite dans ses changements d’humeur, de cette pièce sur une partition de Stravinsky. A l’opposé de cette veine classique abstraite, il dansa aussi le rôle de Puck dans Le Songe d’une nuit d’été, en 1962. Une valorisation qui déclencha des réactions racistes parmi les spectateurs.
Dans un entretien au New York Times en janvier, Arthur Mitchell évoquait des commentaires haineux dans le public. « Pouvez-vous imaginer l’audace que cela représente de mettre sur scène ensemble un Afro-Américain et Diana Adams, l’essence et la pureté de la danse caucasienne ?… Tout le monde était contre Balanchine. Il savait ce qu’il était en train de soulever et il m’avait dit : “Vous savez, mon cher, vous devez être parfait”. »
Certains collègues de la compagnie n’étaient pas non plus très tendres envers Mitchell. Proche de Balanchine, né en Russie, Mitchell se compare malicieusement à « un Afro-Américain élevé comme un vieil aristocrate russe ». « Ma relation avec lui était totalement différente de celle qu’il avait avec les autres interprètes, poursuit-il dans le New York Times. Il ne s’agissait pas de se demander : quel rôle vais-je danser ? Mais plutôt qu’aimeriez-vous que je fasse ? Servez-vous ! Et il le faisait ! »
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