Les chansons nobles et sentimentales de William Sheller sont doublement célébrées, vendredi 13 octobre, avec la parution d’une copieuse compilation et d’un album hommage, Simplement Sheller, auquel participent en version piano-voix des admirateurs comme Jeanne Cherhal, Laura Cahen, Emily Loizeau, Calogero, Vincent Delerm, Alex Beaupain ou Albin de la Simone. Des héritiers, à une exception près : son amie Véronique Sanson, qui interprète Fier et fou de vous. Occasion de réunir pour leur première interview commune ces septuagénaires qui auront changé l’expression de la chanson française.
Vous souvenez-vous de votre rencontre ?
William Sheller : C’était lors d’une émission au moment de ma chanson Dans un vieux rock’n’roll [« Midi Première », animé par Danièle Gilbert, en octobre 1976]. Pour l’album-hommage, j’avais pensé de mon côté à Véro pour interpréter La Maison de Mara. Car quand je l’ai composée, j’écoutais en boucle Véro et Michel Berger. Elle m’influençait dans les harmonies avant qu’on ne se connaisse et avant que ne sorte mon premier album comme chanteur en 1975.
Ce qui s’entend dans cet album avec « Photos-souvenirs », qu’a interprétée Christine & The Queens…
W. S. : Bien sûr. C’est une copie avec imitation du vibrato Sanson. A chaque fois que j’entendais Véro, je trouvais ça impeccable, très clair, carré mais pas au sens d’emmerdant. Sa musique ne se répète pas, les mots sont placés merveilleusement en exprimant quelque chose.
Véronique Sanson : Ce vibrato a changé. Je n’arrive pas à écouter mes premiers disques. J’aime bien les chansons, mais la voix… Avant cela, je chantais comme les Brésiliens, plat et linéaire. Je me suis dit que j’allais vibrer à la croche. C’était un peu ridicule car je ne savais pas du tout contrôler les vibratos ! Avec William, nous nous sentons très proches mais avec deux univers très différents. Je me plonge dans le sien avec émerveillement, ce qu’il dit, la construction musicale avec les accords et les enchaînements.
Très différents ? Vos univers ont pourtant une parenté qui commence par le piano mis au premier plan…
V. S. : Oui, mais je n’ai jamais fait comme lui d’harmonie et de contrepoint. J’ai pris beaucoup de cours de piano, joué plein de classique sans aller au Conservatoire. Je regrette amèrement aujourd’hui de ne pas avoir combattu mon appréhension du solfège. Croche pointée ? Je ne sais toujours pas ce que c’est. Quand j’écris pour des cordes ou des cuivres, je dois le chanter et ça prend beaucoup de temps car il faut le noter. J’ai même composé en 1971 un Concerto pour deux flûtes, deux clarinettes et orchestre, mais il est perdu. Pour William, c’est réglé en deux coups de cuillère à pot… Je l’ai souvent appelé pour qu’il m’aide.
Il vous reste 76.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.