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Théâtre : la Comédie-Française en proie aux « Démons » de Dostoïevski

Le metteur en scène flamand Guy Cassiers signe une mise en scène exceptionnelle de l’adaptation du roman fleuve de l’écrivain russe.

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Publié le 30 septembre 2021 à 07h30

Temps de Lecture 4 min.

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« Les Démons », de Guy Cassiers.

Les Démons sont parmi nous. Guy Cassiers les fait entrer à la Comédie-Française où il signe une mise en scène exceptionnelle du roman de Dostoïevski (1821-1881). C’est la première fois que le metteur en scène flamand dirige la troupe. La première aussi qu’il aborde Dostoïevki. Mais il a déjà, dans son théâtre, parcouru les terres littéraires russes, avec Tolstoï (Anna Karénine) et Pouchkine (Onéguine). Guy Cassiers aime adapter des œuvres non dramatiques. Les Démons lui offrent un sujet qu’il juge important d’aborder aujourd’hui : le nihilisme, en quoi il voit un écho au terrorisme. Dans le roman – cette folie de mille pages qui donnent l’impression de brûler sous les doigts du lecteur, surtout dans la traduction d’André Markowicz (en trois volumes, aux éditions Babel) –, Dostoïevski pose la question : pourquoi une génération en vient-elle à vouloir tuer le père en détruisant tout ? Comment peut-elle penser que du néant organisé pourrait naître une société nouvelle ?

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Il n’est pas dit que le spectateur des Démons sortira de la Comédie-Française avec des réponses définitives. Et c’est tant mieux. Mais il sortira en ayant vécu une expérience artistique mémorable, surtout s’il n’est pas familier de l’art de Guy Cassiers. On sait que le directeur du Toneelhuis d’Anvers est un maître dans l’art de conjuguer théâtre et vidéo. Il n’est pas le seul en Europe où, de l’Allemand Frank Castorf au Français Julien Gosselin, pour n’en citer que deux parmi les meilleurs, un courant profond alimente, et à sa façon réinvente, la mise en scène. Mais chacun a son style, et celui de Guy Cassiers est vertigineux, tant il offre d’angles de vision différents.

Attention démultipliée

Assis dans la salle, vous pouvez voir deux comédiens, éloignés l’un de l’autre sur le plateau, qui ne se regardent pas ; chacun joue seul, et pourtant, chacun mène un dialogue avec l’autre. En même temps, vous voyez ces deux comédiens filmés, se parlant face à face, – normalement, en somme –, sur l’un des trois écrans suspendus. Sur les deux autres, vous voyez des éléments de décor (bougie ou samovar, par exemple) absents du plateau où de grandes fenêtres semblent flotter dans l’espace cerné de verre donnant sur un paysage filmé : la neige qui tombe sans fin sur les bouleaux, des feuillages éclos, des flammes ravageuses…

De cet assemblage naît une attention démultipliée qui aiguise l’oreille autant que l’œil, et le sentiment d’être non pas face aux Démons, mais dans leur cerveau même. Parmi les dizaines de personnages du roman, Guy Cassiers a choisi d’en mettre en valeur quatre : Varvara Stavroguina, Nikolaï Stavroguine, Stépane Verkhovenski et Piotr Verkhovenski. Une mère et son fils, un père et son fils, dans une ville de province de la Russie de 1860-1870 agitée par les idées révolutionnaires. Stépane Verkhovenski est un intellectuel dépassé qui vit chez la comtesse Varvara Stavroguina. Il aimerait le changement, mais en douceur. Varvara, elle, gère ses intérêts ; elle cherche à marier son fils, de retour après des années de voyage, comme Piotr.

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