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« Jean-Michel Frank. L’art-décorateur », sur Arte.tv : un art pauvre pour les riches

Thierry Spitzer revient sur la carrière et l’œuvre déterminante du décorateur français vedette de l’entre-deux-guerres, connu pour son esthétique richement épurée, devenue la « lingua franka » du chic contemporain international.

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Publié le 29 août 2021 à 17h30

Temps de Lecture 2 min.

Une décoration réalisée par Jean-Michel Frank (1895-1941).

ARTE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

« Gentil ce garçon. Très gentil même. Dommage qu’il ait été cambriolé ! », devait lancer l’artisan des bons mots que fut Jean Cocteau, découvrant, rue de Verneuil, à Paris, l’appartement épuré jusqu’au monacal de Jean-Michel Frank (1895-1941), aux murs sans tableaux, aux tons neutres, aux formes géométriques.

Issu d’une famille juive d’origine allemande de la grande bourgeoisie parisienne, petit-cousin d’Anne Frank (1929-1945), Jean-Michel Frank se lancera dans le métier de la décoration sans réelle formation. Elle se fait sur le tas, qui constituera bientôt un tas d’or car celui qui met en vedette les matériaux dits pauvres, comme la paille, mettra « Paris sur la paille », ainsi que le dira aussi Cocteau.

En fait, selon Laurence Benaïm, autrice de la biographie Jean-Michel Frank. Le chercheur de silence (Grasset, 2017), « on achète son regard, on achète son goût », dit-elle dans le documentaire de Thierry Spitzer Jean-Michel Frank. L’art-décorateur (2020). Frank refait l’appartement de Pierre Drieu La Rochelle, ou plutôt lui applique son « travail de nettoyage », ainsi que le dit Pierre-Emmanuel Martin-Vivier, auteur du livre, richement illustré, Jean-Michel Frank. L’étrange luxe du rien (Norma éditions, 2006).

Mais ce sont Marie Laure et Charles de Noailles, le couple de mécènes vedettes de la jet-set artistico-mondaine parisienne, qui vont « lancer » Frank avec la décoration de leur grand salon, place des Etats-Unis, dont Yves Saint Laurent disait qu’il était « la huitième merveille du monde ».

Radicalité sensuelle et « ruineuse pauvreté »

Et tout le monde voudra de la radicalité sensuelle de Frank, qui n’oublie pas l’héritage classique et mêle si bien les matériaux pauvres aux ruineuses textures : il conçoit les salons Guerlain, la boutique d’Elsa Schiaparelli ou, pour l’austère François Mauriac, un appartement à la « ruineuse pauvreté ».

L’auteur du documentaire, Thierry Spitzer, dont le père était le cousin de Jean-Michel Frank, est l’ayant droit du décorateur. Son film fait un excellent portrait de l’artiste mais ne met pas assez en perspective son esthétique dans le cadre foisonnant de son temps. On aura été intéressé par les interventions des biographes et historiens, moins par celles de Marie Haddou, l’ancienne « psy » de l’émission « Loft Story », par ailleurs épouse du documentariste et trésorière du Comité Jean-Michel Frank qu’il préside.

On aurait trouvé profit à entendre les propos d’un designer d’aujourd’hui portant son regard sur son auguste confrère à l’œuvre maintes fois imitée et copiée. Au point qu’elle a fini par « infuser » dans de nombreuses lignes de meubles et par créer, si l’on ose dire, une « lingua franka » du chic contemporain international.

Jean-Michel Frank. L’art-décorateur, documentaire de Thierry Spitzer (Fr., 2020, 52 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 19 novembre.

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