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Rencontre avec le peintre Peng Wan Ts, un ermite à Paris

L’artiste d’origine chinoise, en France depuis 1965, accueille dans son atelier du 13e arrondissement, alors que le Musée d’art moderne de la Ville de Paris lui consacre une exposition.

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Publié le 28 octobre 2019 à 04h03, modifié le 28 octobre 2019 à 17h53

Temps de Lecture 6 min.

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Peng Wan Ts dans son atelier à Paris, le 26 octobre.

Il y a dans le nouvel accrochage du Musée d’art moderne de la Ville de Paris une salle surprenante. On y découvre une vingtaine de toiles du peintre Peng Wan Ts, dont Le Banquet, qu’il a donnée au musée. Le centre de l’œuvre est occupé par une femme d’un certain âge, comme on dit, au vaste décolleté orné de deux rangées de perles. Un teckel lui lèche les seins. Elle est encadrée de deux admirateurs de son âge, chauves, gras comme elle, et hilares. Deux bouteilles, trois verres, une sorte de pâté et plusieurs couteaux sont sur la table. Un ballon de baudruche flotte à gauche.

Tout cela est peint avec une précision extrême, jusqu’aux motifs floraux de la robe et du papier peint ; et une irréalité absolue puisqu’il n’y a guère que deux couleurs, un blanc qui s’assombrit jusqu’à des gris et un rouge sombre qui glisse au violet. Le cartel précise les dates : 1981-2006, vingt-cinq ans donc.

« Le Banquet », 1981-2006, huile sur toile, 130 x 162 cm, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, don de l’artiste.

Des œuvres accrochées tout autour, la plus ancienne est de 1968 : une vaste surface blanche et deux têtes d’enfants dont ne se distinguent que les deux tiers supérieurs. Qui peignait ainsi en 1968 ? On ne voit pas. On ne voit pas mieux à quoi comparer, dans l’art actuel, la toile achevée cette année, L’Enfant au chat, dont le titre est trompeur car il n’y a rien de tendre dans cette jeune fille au regard suspicieux ni dans ce chat méchant.

Des toiles partout

Première évidence donc, Peng Wan Ts compose depuis un demi-siècle une œuvre singulière, que le monde de l’art en France n’avait jusqu’à présent guère regardée. Or, il vit à Paris depuis 1965. Il a eu un atelier à la Cité internationale des arts, quitté pour celui où il travaille depuis longtemps, dans le 13e arrondissement.

Le dire encombré serait un euphémisme. Du côté de la verrière, il y a des chevalets et, sur l’un d’eux, un portrait en cours. Contre le mur, il y a un grand quadriptyque dessiné sur toile : des mécaniques démesurées, la tête d’une sorte d’ogre et, au centre, un corps masculin renversé, scène de torture ou de mort. On voit mal la partie inférieure, cachée par les toiles retournées – la plupart proprement emballées dans du papier – qui s’accumulent et réduisent considérablement les possibilités de circulation.

  • "Le Banquet", 1981-2006, huile sur toile, 130 x 162 cm - Musée d’art moderne de la Ville de Paris, don de l’artiste

    Peng Wan Ts / Philippe Wang

  • "Golden Star", 2017, huile sur toile, 150 x 150 cm - collection particulière

    Peng Wan Ts / Philippe Wang

  • "Le Cerf-volant", 2008-2012, huile sur toile, 130 x 130 cm - collection particulière

    Peng Wan Ts / Philippe Wang

  • "L’Enfant au chat", 2019, huile sur toile, 100 x 81 cm - collection particulière

    Peng Wan Ts / Philippe Wang

  • "Noyau", 1968, huile sur toile, 100 x 81 cm - collection particulière

    Peng Wan Ts / Serge Veignant

  • "Dislocation" ou "Le Cri", 1971-1974, huile sur toile, 195 x 195 cm, collection particulière

    Peng Wan Ts / Jean Dubout

  • "Dignitaire I", 1968, huile sur toile, 55 x 46 cm - collection particulière

    Peng Wan Ts / Serge Veignant

  • "La Folle" ou "La Femme au gant", 1983, huile et crayon sur toile, 46 x 46 cm - collection particulière

    Peng Wan Ts / Philippe Wang

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Plus tard, on s’apercevra qu’il y en a autant, sinon plus, dans la partie arrière de l’atelier, plus basse de plafond. En fait, il y en a partout, sauf là où Peng Wan Ts dispose sa collection : de petites sculptures bouddhiques polychromes, crucifix et reliquaires chrétiens, statuettes anciennes d’Asie du Sud-Est, moulage de Michel-Ange, archéologie du Moyen-Orient, masque africain. « Je suis toujours allé aux Puces. Je voulais constituer une collection universelle, pour montrer aux Chinois des œuvres originales, pas des reproductions. »

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