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Zabou Breitman : « Dès que ça devient trop sérieux, j’ai toujours envie de déconner »

Je ne serais pas arrivé là si… « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Aujourd’hui, la comédienne évoque son goût pour la disjonction, qui suscite la connivence avec le spectateur.

Propos recueillis par 

Publié le 26 mai 2019 à 02h28, modifié le 26 mai 2019 à 06h27

Temps de Lecture 10 min.

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Zabou Breitman, chez elle, à Paris, en mai 2018.

Comédienne, réalisatrice, metteuse en scène, Zabou Breitman, 59 ans, multiplie les projets au théâtre et au cinéma. Son premier film d’animation, Les Hirondelles de Kaboul, d’après le roman de Yasmina Khadra, coréalisé avec Eléa Gobbé-Mévellec, vient d’être présenté au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard. Parallèlement, son spectacle enchanteur, Logiquimperturbabledufou, est actuellement repris au théâtre du Rond-Point. A la rentrée, Zabou Breitman mettra en scène La Dame de chez Maxim, de Feydeau, au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Elle fait aussi partie des cinq candidats à la succession d’Irina Brook à la direction du Théâtre national de Nice.

Je ne serais pas arrivée là si…

Si je n’avais pas eu des parents si particuliers, si atypiques. Un papa très cultivé, issu d’une famille bourgeoise de médecins originaire de Russie, devenu comédien et scénariste. Une mère originaire du Québec, issue d’une famille pauvre de onze enfants, qui a eu une éducation catholique raide, dure, et avait un désir de se sauver, un désir de liberté. C’était une révoltée. Elle rêvait d’être comédienne, a été premier prix de conservatoire à Québec. Lui, après la guerre, avait envie de voyager. Il est parti au Canada, est tombé amoureux et s’est marié avec ma mère. Tous deux étaient en rébellion contre leur famille, ils se sont échappés. Et tous deux étaient très féministes. Mon père me disait tout le temps : « Je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas faire les mêmes trucs qu’un garçon. » Grâce à lui, je sais fabriquer plein de choses et j’ai tout lu.

Tout ?

Tous les genres : de la science-fiction à la bande dessinée, de Gotlib, Hara Kiri, Charlie Hebdo à la comtesse de Ségur, Les Trois Mousquetaires, Jules Verne, Victor Hugo. Mon père me répétait : « Ce qui compte, ce n’est pas ce que tu lis, mais que tu lises. » Je ne serais pas arrivée là si je ne m’étais pas énormément ennuyée. On avait quitté Paris, je me suis retrouvée dans un prieuré du XIIIe siècle, enfant unique, avec personne. Alors je lisais beaucoup. J’ai tellement lu que je n’arrive plus à lire. Mes parents m’ont fabriquée de tout ce qu’ils étaient : lui plutôt Courteline, Feydeau, Hugo, Racine, Shakespeare, elle, plutôt Goldoni et Tchekhov.

Lors de votre discours à la cérémonie des Molières en 2018, vous avez dit, en parlant de vos parents, que « le métier les avait abandonnés »…

Parce que je ne serais pas arrivée là si, après le grand succès qu’ont connu mes parents avec le feuilleton télévisé Thierry la Fronde – écrit par mon père et dans lequel ma mère jouait le rôle de la compagne du héros –, il n’y avait pas eu leur échec. Oui, ils ont été abandonnés. Et cet échec a été fondamental dans ma construction.

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