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Stéphane Bern, un M. Patrimoine « républicain »... et « monarchiste »

Nommé « Monsieur Patrimoine » par Emmanuel Macron, l’animateur de télévision veut ignorer les critiques sur son côté « vieille France ».

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Publié le 10 octobre 2017 à 07h00, modifié le 11 octobre 2017 à 06h49

Temps de Lecture 9 min.

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Stéphane Bern, à Paris, le 29 août 2016.

Une femme blonde, châle sur les épaules, a traversé le restaurant. « Je suis désolée de vous déranger, c’est pour une petite chapelle qu’il faut sauver », s’excuse-t-elle. Stéphane Bern s’est tout de suite tourné vers elle avec le regard attentif du médecin et son bon sourire télévisuel. « Une chapelle dans l’Eure ? Je dois justement y passer dans quelques jours pour un tournage… » Il prend la carte de la dame, les coordonnées, réclame un dossier complet. Puis soupire triomphalement : « Voilà, c’est comme cela tous les jours. »

Lorsque Louis, son père, un ancien directeur de la communication dans l’industrie pétrolière, a appris la mission sur le patrimoine que le président de la République Emmanuel Macron lui avait confié, il a averti son fils : « Tu vas aux ennuis. » A 53 ans, Stéphane Bern a balayé l’inquiétude paternelle d’une pirouette : « Oui, je sais, le prince te touche, on te flétrit… » Et il s’est ensuite attelé à neutraliser les critiques.

L’ex-diplômé de l’Ecole supérieure de commerce de Lyon a d’emblée mesuré les réticences, sous l’élégante ironie, du ministère de la culture. En juin, le projet de lettre de mission que lui avait montré l’Elysée ne le faisait dépendre que du chef de l’Etat, qu’il fréquente depuis trois ans. Après l’été, de sourdes luttes d’influence ont abouti à une modification du texte : désormais, c’est sous l’autorité de la ministre de la culture, Françoise Nyssen, qu’il doit agir.

L’affaire prend un tour politique

Un déjeuner au ministère a servi à arrondir les angles. Stéphane Bern peut compter sur le fervent soutien du président du Centre des monuments nationaux, Philippe Bélaval, qui jure aux experts trop méprisants que « Stéphane n’est pas un farfadet ».

Mais l’affaire a pris un tour très politique : il ne s’agirait pas seulement de réparer des monuments en ruine ou de sauvegarder des lavoirs de villages mais, selon ses détracteurs, de sauver d’abord les châteaux, d’ouvrir le patrimoine au mécénat privé, de transformer le pays en piège à touristes, un peu la vision brossée par Michel Houellebecq dans La Carte et le Territoire (Flammarion, 2010).

Bref, une polémique en vue, et la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale qui doit, dans les prochaines semaines, auditionner Stéphane Bern s’attend à faire le plein des députés. Beaucoup, d’ailleurs, le connaissent déjà.

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« J’ai très envie d’aller l’écouter, assure ainsi Alexis Corbière, qui confie être un téléspectateur régulier de Bern, car je crains qu’on ne veuille ouvrir le financement du patrimoine au secteur privé. » En mai 2015, le porte-parole de La France insoumise avait signé avec Jean-Luc Mélenchon une lettre à la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, pour contester « le contenu idéologique » et « le choix très orienté des sujets » de « Secrets d’Histoire », l’émission qui rassemble chaque mois entre 2 et 5 millions de téléspectateurs sur France 2.

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