Avec Claire Lasne-Darcueil, c'est l'anti-Daniel Mesguich qui a été nommée, en novembre 2013, à la tête du Conservatoire national supérieur d'art dramatique. C'est une femme – la première à ce poste – là où Mesguich peut sembler l'incarnation du pouvoir masculin et impérial. Elle est aussi blonde et lumineuse que son prédécesseur est brun et ténébreux. Et aussi modeste, simple, qu'il est orgueilleux et compliqué.
« Je crois surtout que ce qui nous distingue le plus, Daniel Mesguich et moi, c'est le goût ou pas de la collégialité et du partage de la pensée et de la réflexion. Moi j'adore ça. Le fait de produire des idées qui ne soient que les miennes m'ennuie terriblement », sourit-elle, tout en soulignant la « grande élégance » avec laquelle son prédécesseur lui a remis les clés de la maison, malgré un contexte difficile.
FEMME DE DIALOGUE ET D'ÉCOUTE
En février 2013, Daniel Mesguich avait en effet été mis en cause, de manière inédite, par les élèves de l'école, qui lui reprochaient notamment d'avoir « coupé du monde » l'école d'art dramatique « la plus sélective de France » (Le Monde du 21 février 2013).
Le ministère de la culture, sans doute, savait ce qu'il faisait, en allant solliciter cette femme de dialogue et d'écoute. Elle a été « extrêmement émue et honorée » par cette proposition : « Ma mère a été la première directrice, à Paris, d'un lycée mixte, le lycée Racine. Le symbole, pour moi, était fort… »
Quand le ministère l'a contactée, elle s'apprêtait à arrêter le théâtre, pour se lancer dans des recherches sur l'« art-thérapie », elle qui a régulièrement travaillé avec des comédiens sourds ou aveugles. Les dernières années avaient été trop difficiles, après son départ du Centre dramatique Poitou-Charentes, qu'elle avait codirigé avec son mari, Laurent Darcueil, de 1998 à 2010.
Elle n'avait pas mâché ses mots, face au gouvernement précédent, qui le lui a fait payer en coupant en partie les vivres à sa compagnie. Avant cela, Claire Lasne-Darcueil, elle-même passée par le Conservatoire, promotion 1990 – celle de Stanislas Nordey et d'Olivier Py – avait été actrice, chez Stuart Seide et Gilberte Tsaï notamment, puis metteuse en scène, reconnue par la profession et la critique, notamment pour son travail sur Tchekhov.
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