Sur Parcoursup, Sciences Po est habitué à avoir un statut d’exception, quitte à faire patienter les autres établissements. Ce sera une fois de plus le cas cette année. L’Institut d’études politiques de Paris (IEP) ne donnera pas ses résultats d’admission le 2 juin, comme toutes les autres formations post-bac de la plate-forme Parcoursup, mais seulement le 8, comme le précise son site Internet. Ce retard aura des effets en cascade sur des milliers de jeunes qui resteront « bloqués » plus longtemps que prévu dans l’attente d’une réponse, et qui verront, ainsi, leur incertitude et leur stress prolongé.
Sciences Po avance une explication : ses oraux d’admission ont pris du retard cette année à cause des épreuves de spécialité du bac. Celles-ci étaient initialement prévues en mars, avant d’être décalées, à cause de la pandémie, au mois de mai. Autant de jours pendant lesquels l’IEP n’a pas pu faire passer les entretiens de sélection à ses candidats, mobilisés par ces épreuves. Sciences Po, qui n’organise plus de concours depuis 2021 et sélectionne uniquement sur dossier et oral, n’aurait donc pas pu terminer à temps pour le 2 juin. L’institut parisien, qui a vu son équipe de direction changer fin 2021 après la démission de Frédéric Mion, affirme avoir mobilisé 800 examinateurs pour son processus de sélection.
Le problème, c’est que ce changement de date ne concerne pas seulement les 2 000 et quelques jeunes admissibles à Sciences Po, qui vont attendre une semaine de plus avant d’être fixés sur leur sort. Sur la plate-forme, les candidats qui ont passé les oraux à Sciences Po Paris devront, avant d’avoir les résultats de la rue Saint-Guillaume le 8 juin, accepter une place dans une autre formation à laquelle ils ont postulé et en garder d’autres en attente. Quitte à y renoncer par la suite.
« Conséquences énormes »
De quoi gripper la machine et faire stagner la progression des élèves dans les listes d’attente de ces autres formations pendant quelques jours. Ce calendrier dérogatoire dont bénéficie Sciences Po aura notamment un effet pour les 10 500 candidats aux sept Instituts d’études politiques (qui eux donneront leur réponse le 2 juin) ou pour ceux qui ont postulé aux autres cursus traditionnellement plébiscités par ces lycéens : doubles licences, licences de sciences politiques, classes préparatoires, IEP de Grenoble ou de Bordeaux qui recrutent « hors concours commun »…
« C’est l’effet battement d’ailes du papillon : une petite décision comme celle-là a ensuite des conséquences énormes, constate Pierre Mathiot, directeur de l’IEP de Lille, responsable du concours commun des sept IEP. Tous les IEP se sont pliés au calendrier très contraignant du ministère. Nous avons dû faire un effort énorme, notamment parce que nos correcteurs étaient aussi mobilisés par les épreuves de spécialité du bac. Déjà, Sciences Po avait eu un statut d’exception l’année dernière, parce qu’ils venaient d’intégrer Parcoursup… Je constate que c’est une nouvelle fois le cas, avec des effets en chaîne pour des milliers de jeunes. »
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